Si j'étais... le dalaï lama
Karl Zéro se met dans la peau du dalaï lama, chef spirtuel du bouddhisme tibétain et prix Nobel de la paix.
Si j’étais le dalaï lama, tout "océan de sagesse" que je sois, je serais très vexé d’être venu passer une semaine chez vous en France -qui compte quand même un million de boudhistes- pour y être black-listé... Pensez que je ne serai reçu par aucun officiel : ni Hollande, ni Valls ni même Ayrault ne daignent me voir, de peur de déplaire aux Chinois qui, faut-il le rappeler, occupent indument mon pays le Tibet depuis 67 ans. Obama, par exemple, m’a reçu quatre fois...
Il a peur de quoi, Hollande? Qu’en mesure de représailles, les Chinois ne respectent pas leur promesse, arrachée de haute lutte à la COP21, de polluer moins ? Ou qu’ils n’achètent plus vos voitures diesels?
Si j’étais le Dalaï Lama, même en tant que "lac de tempérance", je serais furax, même, d’être traité comme un relou... même si ça ne se lirait pas sur mon visage souriant rendu imperméable aux vicissitudes terrestres par 14 réincarnations passées à méditer.
Loin de moi l’idée d’interférer dans votre politique locale, mais Sarkozy, au moins , il m’avait reçu en 2008. Les Chinois avaient eu beau dénoncer cette (je cite ) "provocation vicieuse", il avait tenu bon, et Mathieu Ricard -qui est pourtant réputé pour son langage châtié- m’avait confié en tibétain : "Il a une sacré paires de couilles ce Sarko".
Bon, Sarkozy m’avait reçu entre deux portes. Entre le Guide Kadhafi et Bachar El-Assad... 2008, c’est l’époque où il acceptait peut-être trop de rendez-vous. Toujours avec des gars avec des valises. Des voyageurs sans doute... Ensemble on avait évoqué mon pays, le Tibet, qu’il connait admirablement au travers de nombreuses lectures, notamment l’œuvre d’un spécialiste occidental dont il m’a longuement parlé, Hergé.
Dommage qu’on ne daigne pas me recevoir selon mon rang aujourd’hui, car en tant que lama, j’avais préparé pour chacun des membres de votre directoire républicain un de ces adages bouddhiques de derrière les fagots dont j’ai le secret ! Le truc qui n'a l’air de rien, mais quand tu y penses... ça te redonne une sacrée patate...
Ayrault, je l’aurais rassuré : "Il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel." (je ne vous le fait pas en tibétain ?...) Valls, je l’aurais mis en garde : "La colère émane d'un esprit grossier qui doit être adouci par l’amour" (Je cite, hein, ce sont de vrais adages du dalaï lama).
Quant à Hollande, je gage que je serais parvenu à ouvrir ses yeux... tombants : "Le mot 'illusion' souligne l’écart entre la façon dont vous percevez les choses, François, et ce qu’elles sont véritablement."
Pour conclure, sachez que le temps fort de ma visite en France devait être dédié au dialogue inter-religieux, mais là... je crois qu’on va être obligé d’annuler. Les quatre religieuses islamistes qui devaient débattre avec moi sont retenues pour une sombre affaire de livraison de butane, et l’adolescent qui devait les remplacer au pied levé a aussi déclaré forfait...
Du coup, il ne resterait qu’un débat avec un certain Jean-Frédéric Poisson, du Parti chrétien-démocrate, mais tout "bodhisattva de la compassion" que je suis, je crois que ça va pas être possible...
Fabienne, puisque vous au moins vous m’avez fait l’honneur de m’accueillir, je vous dédie cet ultime adage : "Aucun journaliste ne sait plus ce qu’est une bonne nouvelle".
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