Si j'étais... Thomas Pesquet

Si j’étais Thomas Pesquet, après avoir tourné pendant 196 jours autour de la Terre, et envoyé plein de super photos que je vous remercie d’avoir likés en masse, je serais - au moment où je vous parle - en train de revenir avec mon collègue Oleg Novitski- à bord de notre vaisseau Soyouz. Sacré Oleg ! Il était temps qu’il rentre, parce que lui, c’est plutôt autour de Peggy Whitson qu’il tournait depuis 196 jours…Bah, il l’oubliera vite, notre pulpeuse camarade américaine. Les steppes du Kazakhstan où on doit atterrir vendredi à 16h09 précises, ça calme direct, même les Priapes de l’espace comme lui !

L'impression d'être dans Interstellar 

Six mois qu’on est parti. Autant dire… un siècle. On avait décollé dans la nuit du 17 novembre 2016 de Baïkonour pour rejoindre l’ISS, là on revient, on est le 2 juin 2017, et d’après ce que je comprends, tout a changé, en bas. J’ai l’impression d’être dans Interstellar, que le temps n’est pas le même, là-haut. Nous, ça s’écoulait lentement mais sur la terre, tout est allé très vite. Faut dire que pour qu’on reste concentré sur notre mission, on n’avait pas droit aux informations: tout ce qu’on savait de la terre, c’était ce qu’on pouvait observer par le hublot !

Par exemple, quand on a vu un gros nuage couleur moutarde au dessus de la Syrie, on pouvait pas imaginer que c’était un bombardement au gaz sarin. Et, quand sur la France, on a vu comme des millions de fourmis converger vers les bureaux de vote. On pouvait pas savoir que c’était  "En Marche" qui portait Macron à l’Elysée. 

Si j’étais Thomas Pesquet, comme je serais parti juste après l’élection de Trump à la Maison Blanche, ça aurait été ma dernière nouvelle fraîche de la terre. Du coup, à chaque fois qu’on passait au dessus de la frontière mexicaine, j’essayais de voir s’il avait commencé son mur… mais j’ai jamais rien vu. En revanche, les usines américaines qui marchent au charbon, je peux vous dire qu’elles se sont remises à tourner à plein régime. De voir la planète, de prendre du recul, ça permet de comprendre l’extrême fragilité de notre planète. On devrait envoyer tous les leaders du monde six mois en apesanteur, ils en reviendraient moins fous…

Retour sur Terre difficile 

Dans quelques heures, je serais transféré à Cologne, au centre européen des astronautes. Les médecins vont surveiller mon état de santé, et me réadapter à la vie terrestre. Il parait que je vais retrouver des têtes connues là-bas, comme François Fillon qui a demandé à y être soigné. Il a subi un énorme choc, paraît-il, et depuis il vit en apesanteur alors qu’il est sur terre. Les médecins n’y comprennent rien.

Si j’étais Thomas Pesquet, on ne m’aurait pas encore dit toute la vérité… mais il paraît que je ne vais plus reconnaître grand-chose en France. C’est le Président Macron qui me l’a dit, il m’a appelé personnellement. "Quand tu es parti, Thomas, tu te souviens que tous les Français étaient exaspérés et dépressifs ? Eh bien, aujourd’hui, tous nos compatriotes ont une énorme patate… grâce à moi Thomas ! C’est dingue ! En 15 jours, je suis devenu une superstar mondiale, avec moi la France est de retour !" m'a dit Emmanuel Macron.  Et aussi sec le chef de l'Etat m’a proposé un ministère : "J’ai une place qui va se libérer très vite. Je te verrais bien à la Cohésion des Territoires, c’est un truc qui te parle non ?  Ben si ! Réfléchis: tu as observé la France d’en haut ? Ben c’est ça, la cohésion des territoires. Checker que la Bretagne se décroche pas ou que la Corse s’éloigne pas trop: c’est tout à fait dans tes cordes. Au fait, ta compagne, rassure-moi, elle est pas dans l’immobilier au moins ?"

Là, ça a coupé, la liaison était mauvaise, et je me suis dit: finalement sur Terre ça pas tant changé que ça.