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Carton plein

Au moment où la mobilisation des forces de l'ordre est à son maximum, une brigade de gendarmerie peut-elle perdre son temps avec une affaire de carton jeté dans une poubelle municipale au lieu de la déchetterie ? Et cette erreur funeste mérite-t-elle de conduire son auteur au tribunal de police ? Entre Clochemerle et histoire de cornecul, n'a-t-on pas là un bon résumé des travers français ?
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce matin l’autre info est du côté de Limoges

Il y a de toutes petites histoires, comme celle que raconte Le Populaire du Centre qui disent parfois beaucoup des travers d’un pays. Je vais donc vous conter la mésaventure de Bernard, un habitant de Châteauponsac, une petite commune de la Haute Vienne.

Que lui est-il arrivé ?

Bernard, retraité de 64 ans installe une cabine de douche dans sa salle de bains. Il jette l’emballage en carton dans une benne à ordures de la commune, près de la salle des fêtes. Il laisse même sur le carton l'étiquette avec son nom et son adresse. La suite ? Bernard est convoqué par les gendarmes, parce que ce carton aurait dû être déposé à la déchetterie, à huit kilomètres de là, et pas dans une benne à ordure du village…

Il a vraiment été convoqué chez les gendarmes pour ça ?

Absolument Bernard s’est retrouvé à la Brigade pour se justifier. Mais ne croyez pas qu’il ait été simplement sermonné par les pandores. Ce n’est que le début des emmerdements. Bernard s’est ensuite retrouvé au tribunal de police de Limoges.

Et que s’est-il passé au tribunal de police ?

Bernard passait au tribunal le 9 janvier. Il est venu sans avocat mais il explique qu’il n’a pas eu beaucoup à se défendre. Les juges se sont bien marrés et l'ont relaxé. Mais Bernard reste furieux contre les gendarmes et contre la mairie de Châteauponsac. Parce que se retrouver au tribunal pour avoir jeter un carton dans un bac à ordures municipal c’est peut-être un peu exagéré. Surtout qu’il n’y a pas de panneaux d'interdiction devant l’emplacement réservé aux ordures et qu’il n’y a pas non plus d’arrêté municipal. Ce qui explique la relaxe de Bernard. Alors bien sûr Bernard aurait dû déposer son carton d’emballage de cabine de douche à la déchetterie, mais franchement on aimerait bien savoir qui de la mairie ou des gendarmes a poussé le zèle jusqu’à l’envoyer au tribunal pour ça. Le maire de Châteauponsac dit qu’il n’y est pour rien mais il approuve l'action des gendarmes et d’ailleurs une douzaine de personnes de la commune auraient été verbalisées. Le maire explique que les employés municipaux en ont marre de passer leurs journée à virer des containers les encombrants qui n’ont rien à y faire. C’est sûr, c’est ennuyeux mais dans un pays où les effectifs des forces de l’ordre posent problème et où l’encombrement des tribunaux est une maladie chronique, il y a peu être d’autres méthodes pour faire respecter « l’ordre juste » des poubelles ! Sans gendarmes ? Sans juges . Ne pensez vous pas, Henri Guaino, vous qui ADOREZ les juges, que cette histoire entre Clochemerle et cornecul nous dit quelque chose du mal français ?

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