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Ne pas tirer !

Une rue d'Île-de-France, à Sartrouville, à dix sept kilomètres de Paris, dans laquelle se dresse un panneau d'interdiction d'usage des armes à feu. Rien à voir avec la criminalité, ce sont les chasseurs qui sont dans le collimateur des autorités. Il a fallu prendre un arrêté municipal pour que le tir au pigeon cesse. L'occasion de parler du lobby des chasseurs...
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

L’autre info est à Sartrouville ce matin…

C’est le Courrier des Yvelines qui raconte une histoire qui ne peut qu’intéresser notre ministre de l’Intérieur… Il s’agit d’une rue d’Ile-de-France dans laquelle figure un panneau sur lequel est inscrit noir sur blanc « Interdiction de faire usage d’armes à feu »

Mais c’est interdit partout !

Eh oui c’est ça, il est interdit partout de faire usage d’armes à feu et pourtant ce panneau d’interdiction se dresse bien à l’entrée de la Rue des Alpes à Sartrouville, 52.000 habitants, à environ dix sept kilomètres au nord-ouest de Paris. Alors je veux rassurer monsieur Cazeneuve, ce n’est pas en raison d’un pic de criminalité que ce panneau est là.

Pas davantage pour empêcher de sévir d’éventuels dingos de la gâchette. En fait, il s’agit de rappeler à l’ordre les chasseurs. Quand on s’intéresse à la topographie des lieux, on comprend un peu mieux les raisons de cet arrêté municipal de sécurité publique du 11 février 2014. La rue des Alpes part de la rue de la Garenne et mène dans des champs. Il y a là une plaine entre une zone industrielle et des pavillons d’habitation. C’est ici que depuis de longues années, des chasseurs tirent des pigeons. En 2005 et en 2009, la ville avait déjà dressé des arrêtés d’interdiction de chasse mais la préfecture les avait annulés.

Depuis les chasseurs bénéficiaient d’une autorisation préfectorale les week-ends, de septembre à février. Alors la ville a sollicité le ministère du Développement durable qui gère la chasse. Un de ses représentants s’est rendu sur place. Il a compris que les chasseurs causaient de réelles nuisances dans le voisinage. Les chefs d’entreprises, qui ont des locaux situés le long du champ se plaignaient. En revenant au travail, le lundi, ils retrouvaient souvent des plombs sur le parking. Le directeur de l’Institut médico-éducatif voisin était aussi inquiet. Les pensionnaires de son établissement avaient peur du bruit et auraient pu être touchés par un plomb.

Du coup un arrêté municipal de sécurité publique a finalement été dressé afin que la rue des Alpes ne soit plus un terrain de chasse. D’où le panneau surprenant. Alors au-delà de cet exemple, pensez-vous monsieur le ministre qu’on pourra compter un jour sur des parlementaires pour limiter les privilèges des chasseurs ? Et pas seulement à 15 km de Paris. Parce que pour le moment on ne peut pas dire que les près de 250 parlementaires, députés et sénateurs confondus, qui composent les groupes « chasse et pêche » et « chasse et territoires » de nos deux assemblées aient beaucoup bousculé les intérêts de ce lobby surpuissant. Au fait, vous chassez monsieur le ministre ?

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