Pour Gérard Cotin et Yvon Chemla
Ce matin l’autre info est à Nantes et à Agen en même temps
Il y a des coïncidences qu’il ne faut surtout pas laisser passer. Deux journaux de notre presse quotidienne régionale, Presse Océan et la Dépêche du Midi rendent hommage en même temps à deux hommes qui vivaient dans la rue. L’un, Gérard Cotin, dit "Gégé" à Agen, l’autre, Yvon Chemla à Nantes. Bien sûr, je ne vais pas beaucoup vous parler d’eux. Forcément, je ne les connaissais pas… Pas plus d’ailleurs que nous ne connaissons toutes ces silhouettes, femmes ou hommes, toutes ces ombres de la rue croisées ou ignorées, tous les jours en bas de chez nous ou à côté de notre boulot.
Yvon Chemla
Alors à Nantes, c’est Yvon Chemla qui est parti. Il était connu de beaucoup de Nantais. Il avait un visage doux avec sa grande barbe blanche qu’on voit sur la photo publiée par Presse Océan . D’ailleurs il passait de temps en temps à la rédaction du journal. Le dernier hommage à Yvon, posté sur la page Facebook du collectif nantais du refus de la misère, est signé par la réalisatrice Agnès Varda, qui l'avait filmé lors de la réalisation de son film "Les Glaneurs". Un hommage à Yvon Chemla aura lieu le jeudi 12 mars à 14 heures au cimetière Miséricorde, rue d’Auvours.
Gérard Cotin
Gégé, lui, à Agen, tout le monde le reconnaissait à sa démarche claudicante. Il avait été fauché par une voiture un jour où il avait trop bu. Il paraît qu'il chantait le célèbre refrain d'Hugues Aufray, celui Santiano : "Tiens bon la vague tiens bon le vent. Hisse et ho, Santiano ! Si Dieu veut toujours droit devant, nous irons jusqu'à San Francisco ". Il avait bossé 15 ans dans une brasserie, avait rejoint une manufacture de pistolets fabriqués pour la police avant de devenir l’homme à tout faire et le jardinier des sœurs Clarisse. Il était du côté d’Agen depuis 2001. Gégé était lui aussi un habitué de la réaction du quotidien local La Dépêche du Midi . Il a passé ses derniers mois entre lits d'hôpitaux et maisons de convalescence. Une messe à sa mémoire sera célébrée cet après midi à 14 h 30, à la chapelle de Gaillard à Agen. Voilà… je ne les connaissais pas, moi, Yvon et Gérard. Pas du tout. De la même manière que, la plupart du temps, nous ne connaissons pas ces silhouettes, ces ombres que nous croisons tous les jours et dont nous attrapons parfois un regard, un sourire ou quelques mots. Merci à Presse Océan et à La Dépêche du Midi d’avoir rendu leurs noms, leurs visages et donc leur dignité à Yvon Chemla et à Gérard Cotin. Ce n’est pas rien, un nom et un visage… Ces femmes, ces hommes, qui vivent et meurent dans nos rues, n’est ce pas notre plus grand échec, monsieur Pupponi ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.