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Une rencontre pour l'Histoire

Les deux arrières petits-fils de deux "Justes" qui font le voyage à New York pour rencontrer, à l'occasion d'une cérémonie religieuse, la femme - juive - de 89 ans que leurs arrières grands-parents ont caché dans leur ferme lorsqu'elle avait 16 ans... Au delà de l'immense émotion de cette histoire, transparaît la certitude que la transmission de l'Histoire de notre pays reste un impératif.
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

 Ce matin, l’autre info est à New York

Et elle est exemplaire. Ce sont l’Est Républicain et le Républicain Lorrain qui la racontent parce qu’elle débute du côté de Pont-à-Mousson. Là où était cachée Eugénie Sharp-Hoffman, une jeune fille juive, pendant la deuxième guerre mondiale. Mais ce que racontent, ces jours-ci, les deux journaux de la région c’est un voyage. Celui dans la banlieue de New York, fin avril, de deux frères, les frères Guisard. Ce sont les arrières petits fils des époux Thouvenin, le couple de fermiers qui a sauvé Eugénie de la mort et des nazis pendant la guerre.

Racontez nous cette histoire …

Février-mars 1944. Eugénie Hoffman a 16 ans, la jeune fille juive échappe de peu, avec sa famille, à une rafle des nazis à Pont-à-Mousson. Elle est alors recueillie avec sa mère par les époux Thouvenin, des paysans, dans leur ferme isolée où elle vont rester sept-huit mois. Elles y sont considérées comme des membres de la famille. Les Thouvenin cachent aussi des réfractaires au STO, le travail obligatoire, des résistants parachutés depuis l’Angleterre et ils récupèrent des colis d’armes. Lorsque survient la fin de la guerre Eugénie retrouve toute sa famille, dont son père, déporté au camp de Drancy. Tous partent vivre aux Etats-Unis. Mais Eugénie a toujours entretenu une correspondance avec ses sauveurs. C’est l’une de ses lettres dans les années 80, qui donne envie à Philippe et à son frère Stéphane d’entamer des recherches par internet à propos de la petite jeune fille sauvée par leurs arrières grand parent. Il y a moins d’un an, ils envoient un mail à Elliott Sharp, un musicien américain pour lui demander s’il est le fils d’Eugénie. Il répond "oui". Le lien est fait. Les échanges se multiplient jusqu’à une invitation des deux frères aux Etats-Unis pour assister à la bar-mitsvah, la majorité religieuse, de deux petits-enfants d’Eugénie qui a, elle, aujourd’hui 89 ans…

Comment s’est passée la rencontre ?

Beaucoup d’émotion évidemment. Les petits fils des Thouvenin ont apporté en cadeau l’arbre généalogique de leur famille et surtout des photos de la ferme où Eugénie fut cachée. Alors il faut savoir que le mémorial de Yad Vashem qui honore tous ceux qui ont sauvé des Juifs pendant la guerre a décerné à Emile et Geneviève Thouvenin le titre de "Justes parmi les Nations", dès décembre 1994. Mais il est heureux que la rencontre entre[null,null] les descendants des Thouvenin, Eugénie et toute la famille d’Eugénie ait enfin eu lieu. Il n’est jamais trop tard pour le souvenir. Il n'est jamais trop tard pour se souvenir. Mais comment faire Bernard Kouchner pour intéresser les jeunes qui ne se sentent pas concernés par notre passé, notre Mémoire ? On a l’impression que l’école a bien du mal à transmettre à tous ce que fut notre Histoire. Avec ses héros et avec ses salauds…

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