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Tout est politique. "Arrêtons de dire que ce qui n'est pas bio, c'est de la merde !", lance le président des Jeunes agriculteurs Jérémy Decerle

Les invités de "Tout est politique" sont revenus, vendredi, sur la problématique du bio dans l'agriculture française, à la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris.

Article rédigé par franceinfo, Olivier de Lagarde
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jérémy Decerle, le président des Jeunes agriculteurs, était l'invité de "Tout est politique" vendredi 23 février 2018. (FRANCEINFO)

Le Salon de l'agriculture ouvre ses portes, samedi 24 février, à Paris. Emmanuel Macron est attendu dès les premières heures pour rencontrer les syndicats agricole puis déambuler, comme le veut la tradition, dans les allées de la plus grande ferme de France.

Jeudi, devant un millier de jeunes agriculteurs à l'Élysée, le président de la République a promis que le plan "ambition bio", qui doit être détaillé prochainement, devait "permettre d'atteindre l'objectif de 15% des surfaces en bio d'ici 2022, avec une priorité donnée à la conversion dès 2018 pour accompagner la tendance et un renforcement du 'fonds avenir' bio".

L'extrait 

Le bio est-il la solution pour l'agriculture française ? La question a entraîné un vif débat entre les invités de Tout est politique.

Julien Bayou, porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts : C'est vrai qu'on a souvent tendance à brocarder les écologistes comme des ennemis des paysans, mais ce n'est pas vrai, au contraire, on est des alliés objectifs. Sur le Mercosur, sur la lutte contre les grands traités internationaux, on est ensemble (...) Le bio n'est pas une niche, c'est l'avenir. Les consommateurs ne veulent pas être empoisonnés et les agriculteurs ne veulent pas être empoisonnés (...) Il y a bien des agriculteurs qui tombent malades à cause de [ça].

Jérémy Decerle, président des Jeunes agriculteurs : Je ne dis pas le contraire, mais vous dites qu'il y a le bio et que le reste, c'est de la merde. Ce n'est pas de la merde ! L'espérance de vie s'est aussi élevée. Ce n'est pas dû à l'alimentation produite par les agriculteurs ? 

Julien Bayou : Je comprends que vous vous énerviez. On a l'impression d'être devant des gens qui défendent l'amiante. À un moment, il faut organiser la sortie. Le glyphosate, s'il est dangereux pour l'environnement, pour les agriculteurs et les consommateurs, on organise la sortie. Et donc, il faut dédommager, organiser, le fait que l'agriculture française se désintoxique, parce que ce n'est pas rentable pour les agriculteurs, c'est rentable pour les grandes firmes ! (...) S'il faut embaucher plus de monde parce que c'est plus intensif en emplois, c'est heureux : ça fera plus d'emplois

Richard Ramos, député MoDem du Loiret : Le bio, c'est un marché d'avenir (...) Quand Leclerc dit : "Je monte 200 supermarchés bio", c'est qu'il y a un marché en face. Ce que je crois, c'est qu'on aura plusieurs types d'agricultures qui vont vivre ensemble. On aura des gens qui doivent aller sur une agriculture raisonnée, ce que sont en train de faire les paysans, on aura des gens qui vont aller sur le marché du bio et on aura beaucoup de gens [qui choisiront] celle que je préfère, c'est-à-à-dire les circuits courts, le gars qui va directement faire le lien entre le producteur et le consommateur. Tout cela dans sa diversité. Parce qu'il ne faut pas oublier que, manger, ce n'est pas que mettre des calories dans la goule, sinon on mangerait matin, midi, soir des pilules. C'est du lien humain !  (...) Pour faire du bio (...), il faudra de la mécanisation parce qu'on ne pourra pas mettre des gens avec des binettes, je suis désolée monsieur d'Europe Écologie-Les Verts, on n'a pas la main-d’œuvre (...)

Jérémy Decerle : Arrêtons de dire que ce qui n'est pas bio, c'est de la merde ! C'est ce que vous dites aujourd'hui, c'est dégueulasse pour tous les paysans français qui essaient de bosser correctement. Il y a tout un tas de paysans qui continuent de se casser la figure, parce qu'on dit qu'ils produisent de la merde alors que ce n'est pas vrai. Henri Bies-Pere l'a dit : la production française, je suis désolé, ce n'est pas de la merde. Et ce n'est pas parce que ce n'est pas du bio que c'est dégueulasse ! 

Les invités

Jérémy Decerle, président des Jeunes agriculteurs (JA)

Henri Bies-Pere, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA)

Julien Bayou, porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts (EELV)

Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'Université Paris-Dauphine

Richard Ramos, député MoDem du Loiret

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