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Bercy en fusion

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a décidé de s’attaquer à son tour à un serpent de mer : la réforme de Bercy, avec la fusion annoncée hier des deux principales directions du ministère : celle des impôts et celle de la comptabilité publique. Va-t-il avoir plus de chance que ces prédécesseurs ?
Article rédigé par franceinfo
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Franceinfo (Franceinfo)

Bercy a la réputation d’une forteresse intouchable. Qui plus est, le dossier de la gestion des impôts est aussi sensible que celui de la Défense nationale, car en cas de conflit dur, c’est le cœur de l’Etat qui peut être touché. Sans rentrées fiscales, pas de paye des fonctionnaires ! Les précédentes tentatives de réforme se sont toutes soldées par des échecs, voire par la démission d’un ministre, vaincu par le blocage syndical.
Pourtant, l’intérêt de la réforme est évident. Prenez une feuille d’impôt. Colonne de gauche en haut : l’adresse du Centre des Impôts. Il vous renseigne sur les revenus que vous déclarez et fait le calcul de l’impôt. Colonne de droite : la trésorerie. C’est elle qui encaisse le paiement. Deux colonnes pour deux directions, deux administrations qui travaillent chacune de leur côté. Ces deux couloirs sont sources de confusion. Encore un tiers des contribuables se trompent et versent leur tiers provisionnel au mauvais endroit. Le premier objectif est donc la simplification, avec la création d’un guichet unique. Les Français y sont très majoritairement favorables. Et pour la gestion de l’Etat lui-même, la fusion va créer des économies d’échelle, éviter des doublons, faciliter par exemple le lien entre la collecte de l’impôt et le contrôle fiscal. Alors pour réussir, le gouvernement a choisi d’être souple sur la méthode : six mois de discussions en interne, un calendrier progressif, du grain à moudre face aux syndicats sur les évolutions de carrière voire sur les salaires.

Si elle réussit, cette fusion servira-t-elle d’exemple pour la réforme de l’Etat en général ?

Le mot fusion n’est pas choisi au hasard. Il renvoie au monde des entreprises. Il s’agit de montrer que l’Etat est lui aussi capable de se restructurer. 75 000 agents aux Impôts, 55 000 au Trésor. C’est en terme d’effectifs sur le territoire davantage de personnes concernées que dans le mariage Suez-Gaz de France Alors bien évidemment, il s’agit d’un test pour aller encore plus loin dans la modernisation de l’administration. Avec une différence très marquante par rapport aux périodes passées : il y a une impulsion politique au plus haut niveau. En 2002, la réforme de l’Etat relevait d’un simple secrétariat d’Etat rattaché au ministère de la Fonction publique. Elle est cette fois pilotée directement à l’Elysée.

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