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Délais de paiement, l'autre enfer des entreprises

Les petites et moyennes entreprises font la une de l’actualité avec notamment le projet de loi Macron à l’Assemblée nationale. Un autre sujet inquiète les entreprises : les délais de paiement. Des assises leurs sont consacrées vendredi 19 juin au ministère de l’Economie à Paris.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Près d'un quart des dépôts de bilan de TPE et PME en 2014 sont liés à des retards de paiement © MAXPPP)

C'est un véritable fléau pour l'économie en général et les PME-TPE en particulier. Par délais de paiement il ne faut pas entendre le temps que le consommateur met à régler ses achats au commerçant, il s'agit des délais pris par une entreprise (une enseigne de grande distribution par exemple) pour payer ses fournisseurs (comme les producteurs de fruits et légumes).

La Loi de Modernisation de l'Economie (la LME), votée en 2008, plafonne ces délais à 45 jours fin de mois (ou 60 jours à compter de la date d'émission de la facture). Force est de constater que les règles sont toujours très mal respectées.

Peut-on réellement chiffrer l’impact de ces retards de paiement sur la santé des entreprises ?

Concrètement, nous disposons des chiffres 2014 : sur les 63.000 entreprises qui ont déposé le bilan l’année dernière, on estime qu’environ le quart – soit près de 16.000 – a mis la clef sous la porte pour cause de retards de paiement (en hausse de 7%).

Les plus touchées sont les PME, très dépendantes de leur trésorerie. Elles ont accusé l’année dernière un trou de 15 milliards d’euros à cause de ces retards.

On peut dire que les PME sont devenues en quelque sorte les banquiers des grandes sociétés. Le crédit inter-entreprises est cinq fois plus important que le crédit-bancaire à court terme : 630 milliards d'euros (environ 30% du PIB français). C'est énorme.

Que fait le gouvernement pour lutter contre ce fléau ?

Avant de se retourner vers l’Etat, il faut d’abord envoyer un message aux patrons, directeurs financiers et directeurs d'achat de ces grands donneurs d'ordre pour qu'ils arrêtent de recourir à des subterfuges administratifs comme ils le font parfois pour se dérober.

On a tout entendu : la crise, bien sûr, mais elle a bon dos, les collectivités locales ont aussi leurs responsabilités, et puis il y a le fameux CICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi, dont les grands groupes se servent pour mettre la pression sur leurs petits fournisseurs en invoquant les baisses de charges dont ils bénéficient.

Gageons que les assises organisées aujourd'hui à Bercy ne soient pas la montagne qui accouche d’une souris.

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