Energie : vers un âge d'or du gaz
A l'heure où le photovoltaïque et l'éolien font figure d'énergie d'avenir mais restent très chers, le gaz est devenu la meilleure alternative pour la fabrication de notre électricité. D'abord, c'est aujourd'hui l'énergie la moins carbonée, la moins polluante, qui fait d'elle une des composantes incontournables du mix énergétique des prochaines décennies. Ensuite, à l'échelle planétaire, le gaz est abondant grâce à de nouveaux gisements et à la place de plus en plus importante prise par les gaz non conventionnels comme le schiste. On évalue à plus de 700 le nombre de gisements dans 150 régions du monde allant de l'Amérique du Sud et du Nord à l'Australie en passant par l'Asie centrale, l'Afrique du Sud, le Maghreb (essentiellement l'Algérie), la Libye et une partie importante de l'Europe du Nord.
A quoi ressemble la carte géo économique du gaz ?
Les Etats-Unis en furent longtemps importateurs. Aujourd'hui ils s'autosuffisent. Schiste oblige, le gaz américain coûte jusqu'à 4 fois moins cher que le nôtre. Chez nous, les réserves naturelles sont épuisées... on ne peut plus compter sur nos ressources... l'Europe dépend désormais de la Russie qui, trop contente de ce quasi monopole, continue d'indexer les prix du gaz sur ceux du pétrole, d'où la flambée de notre facture. Enfin, excepté l'Irlande, l'Autriche, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et l'Espagne qui sont ouverts à l'exploration de gaz non conventionnel, la majorité des pays européens – dont la France – ne veut pas en entendre parler pour des raisons certainement plus politiques qu'environnementales.
Tout cela a des réactions en cascade
Le gaz étant cher, on se replie sur le charbon jusqu'à deux fois moins coûteux que le gaz que nous importons. Mais un charbon qui pollue. Après l'arrêt de ses centrales nucléaires, l'Allemagne a du remettre en route sa production d'électricité à base de lignite. Les turbines tournent à plein régime... bilan : les émissions de dioxyde de carbone des 130 centrales outre Rhin ont grimpé de 4% l'an dernier, éloignant d'autant le respect des objectifs européens en matière de lutte contre la pollution. Sacré paradoxe.
Quelles sont les solutions possibles ?
D'abord cesser d'être obtus sur l'interdiction d'expérimenter les gaz de schiste. Sans expérimentation, il est impossible d'évaluer objectivement l'existence de risques ou non. Ensuite, construire une véritable Europe de l'énergie. En luttant contre les cartels au nom de la concurrence, Bruxelles empêche les grands groupes énergétiques de s'unir pour produire à moindre coût. L'Europe est victime de ses législations rigides. Enfin, les infrastructures de transports. Comment réunir les deux rives de la Méditerranée pour approvisionner le Nord depuis le Sud ? Autant de questions qu'il convient de trancher rapidement car il en va de la compétitivité, voire de la survie, de certaines industries fortes consommatrices d'énergie. Un seul sommet ne suffira pas pour trancher.
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