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Ferroviaire : la réforme Cuvillier déraillera-t-elle à Bruxelles ?

Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier présente aujourd'hui sa réforme du secteur ferroviaire. Un projet de loi sera soumis au Parlement à la fin du 1er semestre 2013. L'objectif est de rationaliser le fonctionnement d'une structure lourdement endettée.
Article rédigé par franceinfo
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Le Président de la SNCF, Guillaume Pépy, en rêvait... le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT l'a fait ! La SNCF va désormais s'occuper de tout, ou presque. En plus du trafic passager, l'opérateur historique va gérer le réseau des voies qui était depuis 1997 la seule responsabilité de RFF, Réseau Ferré de France. Le système ferroviaire français, ce n'est pas que la grande aventure des trains. C'est surtout aujourd'hui la réalité d'une dette globale de 31 milliards d'euros, qui pourrait dépasser 50 milliards en 2022.


Concrètement, que prévoit la réforme ?*

Et bien on va copier le modèle allemand : organiser la SNCF comme la Deutsche Bahn ! L'idée, à la fois technique, économique et culturelle, est de réunir la grande famille cheminote, notamment les 50.000 personnes affectées aux travaux réseaux. On va créer un ''GIU'', un Gestionnaire d'Infrastructure Unifié qui chapeautera RFF, la DCF (Direction de la Circulation Ferroviaire) et SNCF infrastructures. Reste à en définir le statut juridique qui, de toute façon, restera dans le giron public. Mais cette réunification soulève plusieurs questions : la dette ferroviaire deviendra-t-elle officiellement dette d'Etat ? Non, répond le ministre des Transports, car les recettes commerciales dégagées par la SNCF couvriront plus de 50% des coûts (à voir). Et puis quid en matière de concurrence ? Guillaume Pépy dirigera-t-il bientôt un mastodonte ravissant la place à d'éventuels autres opérateurs dans la gestion des infrastructures ? Bruxelles pourrait retoquer le projet dès le mois de décembre sur ce point précis de monopole anti concurrentiel.

Au final, Guillaume Pépy sera-t-il le grand vainqueur de cette réforme ?

A première vue oui mais si la réforme est validée, il faudra ensuite gérer le convoi. La SNCF devra montrer qu'elle sait faire mieux que RFF pour rénover et imaginer le réseau ferroviaire du futur (depuis sa création en 1997, RFF a multiplié par 2 la proportion de voies rénovées chaque année mais le réseau a continué de vieillir). Les nouvelles charges du groupe se répercuteront-elles dans le prix des billets alors que le trafic voyageur s'ouvre à la concurrence l'an prochain ? Et puis, si on peut concéder à la SNCF quelques minces efforts sur son sandwich jambon-beurre, elle devra sérieusement redresser son image auprès de la clientèle dont le taux de satisfaction a chuté de 10 points en moins de six ans selon UFC QUE CHOISIR. Autant de faiblesses que les syndicats entendent mettre à profit pour continuer à négocier salaires et emplois. Oui, la réforme de la SNCF est plus que nécessaire. Elle est incontournable pour éviter à l'entreprise de continuer à s'endetter d'un milliard d'euros chaque année. Encore lui faudra-t-il surmonter les vieux démons corporatistes.

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