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Football européen : le Qatar gagne du terrain

Le football sera-t-il le nouveau cheval de Troie du Qatar pour s’imposer, via la France, sur la scène économique internationale ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Au mois de mai dernier, le Qatar rachetait quelque 70% du Paris Saint Germain pour 40 millions d’euros. En juin, la chaine de télévision Al-Jazira Sport investissait la modique somme de 90 millions d’euros pour décrocher les droits internationaux de retransmission des matches de la Ligue 1 de football. Panoplie complétée hier avec l’acquisition d’une partie des droits de retransmission en France de la Ligue des Champions de 2012 à 2015. Pour chacune des saisons, pas moins de 133 matches seront diffusés… investissement selon le quotidien l'Equipe : 61 millions d’euros par an, soit le double de la somme déboursée par Canal Plus. Au total, deux canaux d’Al Jazira Sport retransmettront 48 heures de programmes footballistiques… les noms des chaines en question seront connus avant la fin décembre. Al Jazira Sport, ce sont aujourd’hui 17 antennes dans le monde et, surtout, un directeur (le patron du PSG) : Nasser Al-Khalaïfi, qui a su faire de Paris la tête de pont de la chaine sportive mondiale.

Mais pourquoi cet intérêt du Qatar pour la France ?

D’abord, le Qatar et la France, ce n’est pas qu’une histoire de sport. Doha possède aujourd’hui pres de 10% du groupe Lagardère, 5% de Véolia Environnement, une partie des Bains de Mer de Monaco, du Groupe Suez, quelques palaces parisiens… sans compter les sacs Le Tanneur désormais propriété de l’épouse de l’Emir du Qatar via son propre fonds d’investissement. Tous ces intérêts sont biens sentis : le Qatar veut donner de lui l’image d’un Emirat moderne et ouvert, loin des stéréotypes des pays musulmans gangrénés par l’intégrisme d'un autre âge.

Ne faut-il pas y voir aussi un accord gagnant-gagnant ?

Les droits ont été décrochés auprès de l’UEFA (l’Union Européenne de Football), donc on ne peut pas accuser la France d’avoir négocié quoi que ce soit. Mais c’est vrai que, lorsqu’Al Jazira obtient les droits de retransmission des matches de la Ligue 1 ou de la Ligue des Champions, ce sont les clubs français qui reçoivent de l’argent… et tant pis pour Canal Plus qui perd les droits de retransmission… business is business.

Sans compter les perspectives d’investissements dans le cadre de la Coupe du monde de football que le Qatar organisera en 2022…

C’est l’autre facette du dossier, effectivement : à ce jour, une cinquantaine d’entreprises françaises est sur les rangs pour gagner une part de cet énorme marché. Les autorités qataries ont annoncé leur intention d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars (près de 80 milliards d’euros) dans divers projets d’infrastructures : métro, réseau ferroviaire, un aéroport international, un port en eau profonde, un pont reliant le Qatar à Barhein, 12 stades, 900.000 chambres d’hôtels supplémentaires à celles existantes. Pour gagner ces marchés, l’industrie France s’est regroupée en cinq secteurs dont la construction, l’aménagement et l’équipement… Vinci, Bouygues, Alstom, Total, Véolia Environnement, EADS, Alactel, GDF-SUEZ et même l’Imprimerie Nationale, sont sur les rangs. Et puis, saluons le coup de maître d’Al Jazira Sport à travers un recrutement : celui de Charles BIETRI qui dirigera le pôle France de la nouvelle chaine sportive qatarie. L’ancien Monsieur football de Canal+ qui avait fait les grandes heures de ce sport sur la chaîne… décidément : business is business.

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