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Grandes manoeuvres en cours chez les câblo-opérateurs européens

C'est parti pour trois semaines de négociations exclusives entre Vivendi (propriétaire de SFR) et Numéricâble (candidat au rachat de l'opérateur télephonique). Le patron de Numéricâble, Patrick Drahi, a précisé sa stratégie. Il croit dur comme fer au succès de l'opération
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Le fondateur de Numéricâble se dit serein. Son objectif
est de créer un champion national et européen de la télephonie mobile et de
l'internet fixe. S'il sort un jour réellement des fonds baptismaux, le duo SFR
/ Numéricâble aurait sept millions de clients dans le fixe et plus de 21 millions
dans le mobile. Mais rien n'est joué car les négociations exclusives qui vont
se dérouler – en réalité trois semaines de tractations intenses entre le
vendeur et l'acheteur de SFR - ne vont pas empêcher les candidats éconduits,
Bouygues et Free, de jouer les trouble-fête. On peut compter sur leur ténacité
pour sortir un lapin du chapeau, séparément ou en commun.

Pendant cette période, Patrick Drahi va devoir répondre à
un certain nombre d'interrogations.

L'un des points sensibles concerne l'endettement. Pour
mettre la main sur SFR, Patrick Drahi va débourser près de 12 milliards
d'euros. Une part en apport de capital, une autre empruntée auprès des banques.
Le tour de table bancaire est-il bouclé ? Oui, assure Monsieur Drahi sans
en rendre publics les détails.

Ensuite : qu'en sera-t-il des économies réalisées
par le rapprochement ? Les analystes s'interrogent notamment sur les 10
milliards d'euros de synergies annoncées. Le groupe mise sur l'arrêt des
redevances versées par SFR à Orange dans le fixe pour utiliser ses tuyaux, sur
une simplification des offres et un redéploiement des équipes commerciales qui
auront des clients en commun.

Quel sera l'impact sur l'emploi ? On voit mal
comment le nouveau groupe pourrait conserver certains doublons, ne serait-ce
que dans la chaîne de commandement.

C'est pour cette raison que, même s'il s'agit
d'entreprises privées, l'Etat va continuer à surveiller ce dossier comme le
lait sur le feu

Bien plus haut que le tempétueux ministre du Redressement
productif Arnaud Montebourg, l'Elysée regarde l'affaire de très près. A la
surprise générale, le patron de la Caisse des Dépôts et Consignations,
Jean-Pierre Jouyet (ami personnel du Président de la République François
Hollande), a fait savoir que la Caisse des Dépôts (actionnaires de Vivendi)
restait prête à faciliter un rapprochement entre SFR et BOUYGUES si le scénario
devait redevenir d'actualité. Donc, les jeux ne sont absolument pas faits.
Numéricâble n'a pas encore gagné.

Quelle que soit l'option qui sera finalement retenue, on
assiste aux grandes manœuvres chez les câblo-opérateurs en Europe.

C'est la marche de l'histoire : la consolidation de
ces secteurs jusqu'à présent très atomisés. Hier, le géant britannique de la
téléphonie mobile, Vodafone, s'est emparé du câblo-opérateur espagnol ONO pour
7 milliards d'euros. L'année dernière, Vodafone avait déjà racheté l'allemand
Kabel pour 8 milliards. D'autres opérations avaient précédé, notamment au
Portugal et en Pologne.

Qu'est-ce qui explique ce regain d'intérêt des opérateurs
mobiles pour les réseaux câblés ?

Le besoin de répondre à une évolution permanente de la
demande des clients avec, en point d'orgue, l'équipement des foyers. Pendant
que les enfants regardent leur dessin animé sur tablette, les ados partagent
des moments de jeux en ligne sur leur ordinateur ou leur smartphone, papa
regarde le match de foot dans la chambre et maman le dernier film de Jean
Dujardin ou Ryan Gosling, en streaming, sur l'écran du salon. Une simultanéité
gourmande en bande passante. D'où l'importance du filaire, du câble et
évidemment de la fibre, dernier cri technologique permettant d'offrir la
convergence, le " quadruple play " (internet, télévision, mobile et
fixe à la fois). La révolution est en marche.

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