Le G20 doit se réinventer
La montagne a une
nouvelle fois accouché d'une souris. Cette question, on pourrait d'ailleurs se
la poser pour d'autres institutions internationales. Quand ce n'est pas la
réunionnite aigüe qui débouche sur des communiqués lénifiants, ce sont les
erreurs de jugement et de pronostics qui jettent le discrédit sur ces cénacles.
Dernier exemple en date, l'OCDE qui, pas plus tard que la semaine dernière, a
reconnu qu'elle s'était trompé dans l'anticipation de la crise. Ses experts ont
surestimé la reprise dans la zone euro. Avant l'OCDE, le FMI avait, lui aussi,
plus ou moins fait son mea-culpa. Malheureusement, le G20 de ce week-end n'a pas
relevé le niveau.
Quels sont vos
principaux griefs ?
La réunion de Sydney
peut se résumer en trois points. Trois décisions, ou non décisions justement :
1/ un plan d'action très général ; 2/ un objectif de croissance qui laisse
rêveur et relève plus de la méthode Coué ; 3/ un contre temps historique. Le
plan d'action : "toutes nos banques centrales soutiennent leur
engagement à continuer de calibrer soigneusement leurs objectifs de politique
monétaire et restent attentives à leur impact sur l'économie mondiale".
Nous voilà rassurés, mais 20 responsables qui se déplacent à l'autre bout de la
planète pour arriver à une telle conclusion, cela fait lourd du bilan carbone !
La croissance : "nous allons mettre en œuvre des politiques ambitieuses
mais réalistes avec pour objectif d'augmenter notre PIB de 2% sur cinq ans,
soit 2000 milliards de dollars d'activité économique supplémentaire". Mais
est-ce aux politiques de le décréter en l'absence de chefs d'entreprises ? Non,
évidemment.
Troisième point : le
contretemps historique...
Marqué par l'absence
de l'Ukraine parmi les sujets de discussion. La Russie est membre du G20 mais
l'actualité ukrainienne n'a pas même pas fait l'objet d'une seule ligne dans le
communiqué final. Les représentants de 85% de l'économie mondiale se réunissent
au lendemain d'un tournant historique dans cette région, dont on sait qu'elle
est appelée à compter dans les grands équilibres Est-Ouest, mais personne n'en
souffle mot. A Sydney ce week-end, on a vraiment atteint le degré zéro de la
coopération internationale.
Une fois ce constat
établi, que fait-on ?
Le G20 doit se
réinventer. Est-il normal, par exemple, que l'Afrique n'en fasse toujours pas
partie (seule l'Afrique du Sud en est membre) ? Ce continent est lui aussi devenu incontournable. Il y a deux
ans, la directrice générale du FMI, Christine LAGARDE, déclarait solennellement
: "nous devons rendre le G20 utile et efficace". Quel chemin
avons-nous parcouru depuis ? Le G20 donne de plus en plus l'impression de
courir après le monde plutôt que de participer à son émancipation. Il devrait servir
de garde-fou, être le lieu de synthèse
de négociations internationales aujourd'hui éparpillées entre le FMI,
l'OMC, la Banque Mondiale ou encore le Bureau International du Travail. Bref,
créer une vraie gouvernance au nom de la diplomatique économique pour ce monde qui
tourne toujours plus vite, parfois trop vite.
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