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Le luxe, patrimoine immatériel qui se vend bien et créé de l'emploi

Le groupe Hermès a publié hier de très bons résultats pour 2013. Rien ne semble arrêter l'industrie du luxe malgré la crise. Ce sujet vient justement de faire l'objet d'une étude menée par l'Ecole d'Economie de Paris.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Cette enquête a été
menée par une équipe pilotée par Lionel Fontagné, l'ancien patron du CEPII, le
Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales. Ont été passés
à la loupe les groupes européens, dont les Français, qui excellent dans ce
secteur. Hermès l'a encore prouvé avec ses résultats 2013. Le fabricant des
célèbres carrés de soie et sacs Kelly ou Birkin a enregistré un bénéfice net de
790 millions d'euros, en hausse de 7% sur un an. Hermès qui reste l'une des
marques les plus rentables du secteur avec LVMH (les sacs Vuitton) et Chanel.

Comment s'expliquent
ces bons résultats ?

Maroquinerie,
vêtements, accessoires, soies, parfums, arts de la table, horlogerie, bijoux...
Hermès a vu sa croissance tirée par l'Asie mais aussi par le dynamisme
particulièrement notable en Amérique, sans oublier l'Europe. Le marché européen
est porté par les achats des touristes. Seule ombre au tableau qui touche
l'ensemble des enseignes du secteur : les importants effets de change (euro
fort, yen japonais et yuan chinois affaiblis). Les groupes de luxe sont pour la
plupart fortement exportateurs et cette tendance a entamé leurs marges. A part
cela, tout va plutôt bien.

Le secteur du luxe
français emploie aujourd'hui quelque 165.000 personnes. Des emplois directs et
indirects, et le secteur continue de recruter.

C'est l'un des
enseignements de cette étude de l'Ecole d'Economie de Paris menée de concert
avec le Comité Colbert qui regroupe les entreprises du luxe. Ce n'est pas pour
autant une enquête orientée à la gloire de ces sociétés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes
et valent tous les arguments publicitaires. Au niveau mondial, le marché du
luxe est estimé à 72 milliards de dollars, dopé par l'enrichissement de la
classe moyenne des pays émergents.

En réalité, c'est
l'ensemble des entreprises européennes qui profitent de ce boom. Elles
réalisent à elles seules les 2/3 des exportations mondiales. Deux principaux
acteurs se détachent : la France et l'Italie. La Suisse arrive 3ème.
Si l'on va chercher plus loin, la Chine progresse nettement grâce au textile et
se place désormais devant les Etats-Unis.

En termes de
produits, pourquoi notre industrie du luxe, spécifiquement, fait mieux que
l'industrie en général ?

Pourquoi un sac se
vend mieux qu'un autre bien même s'il est plus cher ? D'abord, il faut savoir que
le prix n'est pas un frein – des montres 60% plus cher que les gammes normales ;
des vêtements dont les étiquettes sont 180 fois supérieures au basique. Il y a,
nous l'avons vu, une clientèle pour cela, mais c'est aussi et surtout la force
de notre renommée, de notre savoir-faire. Preuve que, quand ont fait du haut de
gamme, ce dont la France manque sur ses autres produits industriels, on vend,
tout simplement.

Cette reconnaissance du
luxe, européen et français, est ce que l'on appelle le "patrimoine
immatériel". Un facteur que de plus en plus d'entreprises essaient d'introduire
dans leur production. Un article qui raconte une histoire, fait référence à un
héritage culturel, joue la carte de la qualité. Avec un peu d'imagination,
c'est un avantage comparatif facilement applicable bien plus loin que dans le
secteur du luxe. Le concours d'idées est ouvert.

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