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Le secteur de la bière sous pression

Après bien d’autres secteurs, celui de la bière est, à son tour, pris d’une frénésie de concentration. Le numéro un mondial veut avaler le numéro deux, mais ce dernier refuse et fait monter les enchères.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Le secteur de la bière sous pression © Maxppp)

Les chiffres donnent le vertige. Le leader mondial de la bière – AB InBev, groupe belgo-brésilien basé à Louvain en Belgique – a mis sur la table pas moins de 92 milliards d’euros pour acheter son concurrent direct, le numéro deux, SABMiller.

La Stella Artois et la Corona veulent avaler la Péroni (italienne) et la Pilsner (tchèque). C'est la troisième fois que l'offre est relevée en quelques semaines… sans succès.

 

Pourquoi ce rejet de l’offre ? Pourquoi cette perspective de fusion ?

 

Le rejet ? La proie veut faire monter les enchères. Si le prédateur – l’acheteur – est prêt à mettre 92 milliards d’euros sur la table, il peut certainement en ajouter quelques-uns.

Pourquoi le rachat ? Parce que la proie – SABMiller – est un géant bien implanté dans les pays émergents, notamment l’Afrique qui représente 28% de son chiffre d’affaires. Les pays émergents sont la cible du moment.

 

Sur le fond, on découvre un univers. Qui imaginait jusqu’à présent que la bière était un secteur aux enjeux aussi considérables ?

 

Le secteur agro-alimentaire est l’un des plus porteurs aujourd’hui, surtout dans les zones où la population augmente rapidement. D'où cet intérêt pour l’Afrique.

On pourrait se dire : Afrique et alcool ne font pas bon ménage pour de simples questions religieuses ! C'est Faux. Dans sa partie sub-saharienne la plus peuplée, l’Afrique est à majorité chrétienne qui n’a pas d’aversion particulière à l’alcool contrairement à la religion musulmane.

Et puis après l'Afrique, il y a l'Asie. Prévisions : 85 milliards de litres de bières consommées en 2016 contre 67 milliards en 2011…

 

Business is business

 

Les affaires sont les affaires mais attention au mélange des genres. En effet, le principal actionnaire de SABMiller (la proie) est le tabatier Altria, multinationale américaine propriétaire notamment de Marlboro. Altria demande à SABMiller de regarder avec bienveillance l’offre de rachat. Alcool, tabac… on touche là au côté obscur de la force capitaliste et industrielle.

Les négociations se poursuivent donc. AB InBev a jusqu’au 14 octobre pour surenchérir et mettre la main sur SABMiller. Faute d’accord à cette date butoir, l’opération serait renvoyée à six mois… autant dire que le dossier sera probablement bouclé dans les deux prochaines semaines.

Si ce mariage voit le jour, il s’agira de la troisième plus grosse fusion-acquisition de l’histoire, derrière notamment l'opération Vodafone / Mannesmann aux Etats-Unis dans les télécoms en 1999 pour 203 milliards de dollars.

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