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Les alternatives bio aux pesticides : une filière d'avenir pour la France

La France peut-elle devenir une championne des pesticides bio ? C'est en tout cas ce que vise le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Il organise ce mardi un forum du biocontrôle à Paris pour développer le secteur et construire une filière française. 
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Le ministre de l'Agriculture en est
convaincu. Le biocontrôle est une industrie d'avenir pour la France. Le biocontrôle, ce sont des organismes vivants - champignons, insectes,
des bactéries, phéromones... -  qui peuvent
être utilisés à la place des pesticides ou des antibiotiques en agriculture.

C'est par exemple une algue qui sert à
renforcer les défenses immunitaires des animaux pour éviter d'administrer des
antibiotiques ou encore une guêpe minuscule qui lutte contre les larves qui
attaquent les cultures de maïs.

Aujourd'hui la filière est encore
confidentielle : 70 entreprises en France, essentiellement des
PME, font travailler directement ou indirectement 4.000 personnes. Mais elle se développe vite et devrait
tripler d'ici 4 ans : passer de moins de 5% du marché à plus de 15% en 2018. Le secteur est en pleine croissance. C'est
aujourd'hui un marché d'1,6 milliard d'euros dans le monde.

Cela n'a pas échappé aux géants des
produits agricoles chimiques. Bayer, Monsanto ou Basf se sont mis à racheter
des petites entreprises du secteur. D'où la riposte de Stéphane Le Foll.
Il veut préserver le savoir de ces PME françaises et, pourquoi pas, créer des
géants du biocontrôle en France.

Comment développer cette filière ?

Par la législation d'abord , avec
la loi d'avenir de l'agriculture, en cours d'examen au Parlement, la vente et la publicité de ces produits
naturels seront facilitées.

Les professionnels du secteur veulent
aller plus loin. L'IBMA, leur association, demande que les délais
d'homologation des produits soient réduits, à 9 mois au plus alors qu'il faut aujourd'hui
2 à 3 ans en moyenne. Ils espèrent également un coup de
pouce financier. Une aide de 10 millions d'euros permettrait de faire baisser
le prix des traitements de 10 à 20%, estiment-ils. Ce qui inciterait les
agriculteurs à s'en servir. 

Pour ce qui est du soutien financier,  il faudra plutôt compter sur des aides de la
BPI, la banque publique d'investissement. C'est ce que le ministère va encourager.
Quant à l'enveloppe d'une dizaine de millions d'euros,  en période de rigueur budgétaire, c'est
impensable. Et puis le ministre de l'Agriculture
a été échaudé par l'épisode de l'écotaxe. Stéphane Le Foll dit ne plus vouloir
rentrer "pour régler les problèmes d'écologie, dans des problèmes
financiers".

Cela n'empêchera pas le ministère de
suivre avec attention cette filière. Cela suffira-t-il à accélérer son développement ?  Les objectifs du Grenelle de
l'environnement sont déjà difficiles à atteindre : il s'agissait de diviser
l'usage de pesticides par deux d'ici 2018. En 2012, ils ont baissé pour la première
fois, de 6%.

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