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Les Français veulent plus de numérique à l'école

La Chaire Economie Numérique de l’Université Paris-Dauphine publie une enquête sur la place des nouvelles technologies dans le système éducatif. Il ressort de ce baromètre annuel que les Français sont plus favorables qu’on ne le pense à l’enseignement via internet.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© Maxppp)

Autant une fracture existe dans la couverture du territoire en matière d’accès à internet, autant cette fracture se réduit dans les esprits quand il s’agit de rapprocher numérique et enseignement. D’après ce baromètre Paris-Dauphine, huit personnes interrogées sur dix affirment connaître les pratiques d'apprentissage en ligne. Par contre, le même nombre (huit personnes sur dix) ne connaissent pas ou identifient mal ce que l’on appelle les MOOCs, les formations sur internet ouvertes à tous.

Intéressant à noter : nous sommes majoritairement favorables à un enseignement via tablettes et ordinateurs très tôt dans la scolarité des enfants, entre la maternelle et le collège (40% des parents sont pour dès le primaire, 20% dès la maternelle).

Ce n’est pas parce que les Français sont demandeurs que le système éducatif suit le mouvement

Il existe de nombreuses initiatives engagées par le ministère de l’Education nationale mais, quel que soit le caractère louable des projets, ils sont encore embryonnaires. Pour une raison très simple : à part quelques exceptions, le corps enseignant n'adhère pas ou très peu. Face aux nombreux usages et contenus offerts par les outils numériques (ce qui est appelé à développer les fournisseurs de contenus, donc de créer du business autour de ce phénomène), l’enseignant considère qu’il risque de devenir de plus en plus un accompagnateur pédagogique au dépend de son rôle de dispensateur, de transmetteur du savoir.

Donc : les parents pour... les enseignants plutôt réservés sur la question... deux populations s’éloignent

Les parents se placent du côté de leur progéniture. Les trois quarts des personnes interrogées disent qu’il faut former les enseignants aux nouvelles technologies. Ils estiment que le numérique est de nature à alléger et simplifier la charge de travail des enseignants et que cela va aller jusqu’à modifier les modes de recrutements. Et puis pour 70%, le numérique est susceptible d’améliorer l’autonomie des élèves. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un soutien à la maison le soir pour faire réciter les leçons ou aider aux mathématiques. Les nouvelles technologies sont vues comme un outil, non pas d’égalitarisme, mais d’équité, de juste traitement.

Et l’élève, lui, est-il prêt ?

C’est la question car, finalement, l’élève est le premier concerné, c’est son avenir qui est en jeu. Sur ce point, laissons parler les spécialistes et non les économistes. Contrairement aux idées reçues, les jeunes ne sont pas naturellement à l’aise avec le numérique. Ce n’est pas parce que l’on a un profil sur un réseau social ou que l’on s’intéresse à la mécanique informatique que l’on est réceptif au mode d’enseignement en ligne.

Selon Nathalie Tingry, titulaire d’un doctorat sur les usages du numérique chez les jeunes de 16 à 25 ans et enseignante à l’université de Marne la Vallée, le cerveau n’a pas d’aire (d'espace) dédiée au numérique comme pour les mathématiques, le langage ou la lecture. Notre cerveau s’est formé au fil des générations depuis des millénaires et nous sommes en train de découvrir là un nouveau champ du possible.

Comme toute nouvelle découverte, c’est une richesse qu’il faut savoir maîtriser. Il semble évident que cette révolution du net nous oblige à repenser nos méthodes d’enseignement, loin des querelles idéologiques.

 

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