Migrants, une chance économique pour l'Europe ?
Face à la vague migratoire des pays du sud la plus importante de son histoire depuis la seconde guerre mondiale, l'Europe ne peut pas se permettre d'être passive. Elle se trouve confrontée à la nécessité d'avancer enfin sur son projet d'entente politique. Cette crise secoue le projet européen en tant que tel et inquiète l'opinion qui demande des actions concrètes. D'où ces chiffres qui tournent dans les laboratoires d'économistes et d'universités diverses et variées.
Les perspectives
Loin de toute idéologie et des préjugés en tous genres, aussi étrange que cela puisse paraître, la vague migratoire pourrait avoir un impact positif sur la croissance économique de l'Europe. Plusieurs estimations circulent. L'économiste en chef de la banque Natixis Patrick Artus estime le gain pour la croissance européenne à 0.6% du PIB dès 2017... La Commission européenne parle plutôt de 0.2 à 0.3%. Pourquoi un tel choc positif, bien loin des images qui viennent à nous chaque jour ? D'abord on sait que la croissance est la conjugaison de deux facteurs : les gains de productivité et la progression de la population active.
Effet direct sur l'emploi : à terme, les migrants apparaîtront comme complémentaires aux travailleurs autochtones (les travailleurs des pays d'accueil), sans forcément s'y substituer - les autochtones se reportant sur des tâches plus élaborées.
Idem en termes de consommation. Le Master Affaires internationales de l'Université Paris-Dauphine est en train de travailler le sujet sur la base de données très poussées de l'Ofpra (l'Office Française de Protection des Réfugiés et Apatrides). Il s'avère que chaque réfugié accueilli dignement est amené à consommer, même de petites sommes... Sans parler des réfugiés dont le statut permet d'arriver en Europe avec un certain bagage financier. Toutes ces données sont en train d'être étudiées de très près.
Reste la question du coût de l'accueil des migrants
Les responsables européens anticipent un flux migratoire massif et durable. Mais impossible de créer de nouvelles taxes ou impôts pour financer l’accueil au risque de braquer l’opinion. D'où l'idée d’explorer une levée de fonds auprès de différentes acteurs via les marchés. Pourquoi ne pas créer des obligations, des produits financiers, comme les Eurobonds ? Au début des années 1990, Jacques Delors les avait évoqués pour financer des projets d’avenir. Là encore, la réflexion murit à Bruxelles. Le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, est en première ligne et ne devrait pas tarder à s’exprimer sur le sujet.
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