Moody's et les réformes Hollande, effet à double tranchant
Il en va de la crédibilité du Président de la République. Même si la courbe du chômage ne sera pas clairement inversée, François Hollande entend jeter toutes ses forces dans la bataille et, surtout, réformer le dialogue social. Au cœur du débat, il y a la nouvelle baisse promise du coût du travail portant sur 30 milliards d'euros pour les entreprises d'ici la fin du quinquennat. Les discussions vont évidemment porter sur les contreparties attendues de la part des patrons. Elles permettront aussi de préparer indirectement deux autres rendez-vous importants prévus cette semaine : les assises de la fiscalité qui débutent mercredi avant la même question concernant les ménages vendredi.
Il en va de la crédibilité du Chef de l'Etat... de la crédibilité de la France, aussi, après la note publiée vendredi soir par l'agence Moody's
Contrairement à Standard and Poor's qui avait dégradé d'un cran la note de la France en novembre, Moody's n'a pas modifié la sienne mais sa conclusion n'en est pas moins sévère : oui, dit en substance Moody's, Paris fait des efforts pour sortir de l'ornière, réduire sa dette et rééquilibrer son budget, mais cela manque de précision et de visibilité.
L'avis de Moody's est d'autant plus intéressant à analyser et interpréter à travers le timing. La date de publication de la note était connue et jusqu'à la dernière minute, pour convaincre l'agence du bienfondé de ses réformes, le Président de la République n'a eu de cesse de marteler un message volontariste. Cela a commencé avec les vœux télévisés du 31 décembre. Il y a eu ensuite la conférence de presse, la rencontre avec les patrons et les syndicats à l'Elysée. Enfin, vendredi matin, l'installation du Comité stratégique de la dépense publique. Dont acte... mais rien n'est réglé sur le fond.
Rien n'est réglé, tant sur le plan économique que politique
Si, pour l'instant, la France continue de rembourser sa dette à des taux d'intérêt convenables, le pays reste sous observation des marchés. Plus que jamais.
L'exercice se complique alors pour François Hollande. D'un côté, les agences encouragent ses réformes et lui donnent des arguments pour poursuivre sur cette voie. Mais c'est à double tranchant car Moody's apporte de l'eau au moulin de la gauche de la gauche qui y trouve matière à dénoncer une fois de plus la conversion du chef de l'Etat - malgré lui - à la dictature des marchés financiers.
Impossible de contenter tout le monde. C'est toute la difficulté de l'exercice. La balle est désormais dans le camp des partenaires sociaux.
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