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Politique économique : Manuel Valls doit-il s'inspirer de son homologue italien ?

Le gouvernement de Manuel Valls sera un gouvernement "de combat" comme François Hollande l'a lui-même baptisé. Manuel Valls que beaucoup d'observateurs comparent à un autre Premier ministre : Mattéo Renzi, qui vient d'être nommé Président du Conseil italien. Ces mêmes observateurs présentent son programme économique comme un modèle pour la France
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Comparaison n'est pas
raison. Attention aux rapprochements parfois sexy sur le papier mais moins
évidents une fois l'image d'Epinal mise de côté.

D'abord, comparer
Manuel Valls (51 ans) à Matéo Renzi (39 ans), c'est comparer la France à
l'Italie. Les deux hommes représentent la droite de la gauche. Sur le plan
économique, l'Italie part de bien plus loin que la France. La botte est l'un
des pays qui inquiète le plus encore en Europe avec une croissance qui a chuté
de 2% l'an dernier, un taux de chômage à 13% de la population active et
l'austérité qui continue de s'inviter au quotidien chez les italiens. L'Italie
va moins bien que la France mais se redresse petit à petit, d'où la volonté de
Mattéo Renzy de mettre le turbo.

Que propose-t-il
exactement ?

Il veut jouer le tout
pour le tout avec une réforme coup de poing et des contreparties sociales pour éviter
les chocs trop violents.

Qu'elle est donc
cette relance à l'italienne ? Une baisse d'impôts de 10 milliards d'euros pour
10 millions d'italiens les plus modestes – ceux qui gagnent moins de 25.000
euros par an –, population capable de relancer la consommation, et par là-même
redonner du carburant aux entreprises. Ces dernières vont bénéficier d'une
réduction de 10% de leur fiscalité et se voir rembourser quelque 70 milliards
d'euros d'arriérés, d'impayés, par l'Etat.

De leur côté, les
salariés devraient bénéficier d'un contrat de travail unique. Projet très
décrié mais qui serait accompagné de contreparties en matière de sécurité de
l'emploi.

Où Mattéo RENZI
va-t-il trouver l'argent pour financer tout cela ? En augmentant les impôts des
rentiers, en réalisant 25 milliards d'euros d'économies publiques sur 2014 et
2015 avec la volonté de supprimer le Sénat. Rien de moins.

C'est un programme
très ambitieux. L'Italie a-t-elle réellement plus de moyens que la France pour
le réaliser ?

Il
y a une différence de taille. Mattéo Renzi a prévenu Bruxelles qu'il
n'atteindrait pas 2,6% de déficit public par rapport PIB comme prévu cette
année. Il sera au-dessus mais comme il peut aller jusqu'à 3% avec l'onction de
Bruxelles, cela lui donne une marge de manœuvre de 6 à 8 milliards d'euros
supplémentaires dont il peut se servir pour financer son plan. C'est tout le
contraire en France puisque nous, nous sommes à 4,3% de dérapage. Avantage
comparatif précieux pour l'Italie et dont la France ne peut se prévaloir.

Mais tout n'est pas réglé pour Rome. Sa dette reste colossale et comme pour les
autres pays de la zone Euro la Commission européenne surveille. Le
social-libéral Renzi inspirera-t-il le social-démocrate Valls ? Le feuilleton
ne fait que commencer.

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