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Politique monétaire, FED et BCE, même combat

Barack OBAMA a confirmé Janet YELLEN comme prochaine Présidente de la Réserve Fédérale Américaine. Elle prendra son poste en janvier. C'est le signe de la poursuite de l'actuelle politique monétaire des Etats-Unis, qui ne sera pas sans conséquences sur l'Europe.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Le plus difficile est de ne pas tout mélanger car, même si les économies sont aujourd'hui interdépendantes, la politique monétaire européenne est encore - officiellement - décorellée de celle des Etats-Unis. Mais, à terme, les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Janet Yellen est désormais "la femme la plus puissante du monde", selon Barack OBAMA. Ca sera la première Présidente démocrate de la FED depuis le départ de Paul Volcker en 1987. Une femme de compromis qui va poursuivre - au moins pendant un temps - la politique dite "accommodante" qui consiste à injecter 85 milliards de dollars par mois dans le système financier pour soutenir l'économie. Certains utilisent volontairement des synonymes pour qualifier cette politique... ils préfèrent les mots "arrangeant", "bienveillant", "complaisant", "indulgent"... les adjectifs ne manquent pas.

Bienveillant et indulgent à l'égard de qui ?

Des banques. Car ces liquidités qu'elle créé, la FED les prête aux banques qui remboursent généralement à court terme. Certaines en ont réellement besoin car elles le ressortent en crédit pour aider les entreprises. Par contre, d'autres en profitent. Elles profitent de ce que l'on appelle un effet d'aubaine qu'il est aujourd'hui difficile d'identifier. Donc la tâche de Janet Yellen sera de combattre ce fléau tout en continuant à accompagner le retour de la croissance. Il y a de quoi devenir schizophrène (Docteur Jekyll et Mister Hyde de la finance).


En Europe, pas de Janet YELLEN, mais une situation identique ?*

Entre septembre 2011 et février 2012, la Banque Centrale Européenne a prêté aux banques de la zone euro un peu plus de 1.000 milliards d'euros (c'est, grosso modo, la moitié de la richesse produite par la France sur un an). Sur ces 1.000 milliards, un peu plus de 350 ont déjà été remboursés... il reste donc 660 milliards à remettre d'ici 2015.
Aujourd'hui, l'autorité bancaire européenne s'interroge ouvertement sur la capacité de ces établissements à rendre l'argent. L'autorité envisagerait de mesurer la dépendance des banques et de rendre publiques ces informations. Une bombe.

Pourquoi a-t-on attendu ? N'y a-t-il pas un organe de contrôle et de régulation ?

De manière purement pratique, quand une banque centrale prête à une banque commerciale, elle ne peut pas mettre un policier ou un contrôleur derrière chaque guichet pour éplucher immédiatement les bilans et voir les éventuelles créances douteuses. Cela, ce n'est pas de la politique monétaire, c'est de la politique prudentielle. C'est sur ce point que l'Europe fait défaut aujourd'hui. On est conscient de la surfinanciarisation de l'économie mais les remparts n'existent pas encore réellement.
La naissance de l'autorité de régulation est difficile. Les Allemands refusent que la BCE mette le nez dans leurs affaires et tous les pays ne sont pas au diapason.
Ce n'est pas Janet YELLEN qui va nous aider. Elle aura déjà beaucoup à faire chez elle.

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