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Prise de contrôle du Club Med : la surenchère

La bataille autour du capital du Club Med se poursuit. Un homme d'affaires italien lance une contre-offre publique d'achat face au chinois Fosun qui veut lui aussi monter au capital du groupe de loisirs. C'est une véritable surenchère qui s'engage
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le club Med emploie 15.000 personnes parlant 30 langues différentes © Sebastien JARRY/MAXPPP)

La vie est loin d’être un long fleuve tranquille pour le Club Med. Les clients qui s’apprêtent à passer l’été sous les paillottes de la marque au trident sont loin de s’imaginer ce qui est en train de se tramer en coulisses. La bataille pour le contrôle du groupe de loisirs est repartie de plus belle lundi 30 juin avec le dépôt d’une contre-offre publique d’achat par l’homme d’affaire italien Andréa Bonomi, sur l’offre amicale du chinois Fosun, déjà partenaire du groupe français en Chine. Fosun propose 17 euros par action, Bonomi 21 euros et un plan d'investissement de 150 millions. Cette offre italienne valorise le Club à 870 millions d'euros... plutôt tentant pour les actionnaires à qui reviendra la décision finale.

Pourquoi le Club Med suscite autant d’intérêt ?

Dans un contexte de fin de crise, le groupe se sent pousser des ailes. Présent dans une cinquantaine de pays, le Club Med est une entreprise très internationale dont l'activité est aujourd’hui plombée en grande partie par 2 marchés : la France et la Belgique. A part cela, les perspectives sont bonnes. Une partie de la population des pays émergents s'enrichit et veut, elle aussi, des vacances et des loisirs à la française.

Sans plan de développement à l'étranger, le Club Med est condamné, lui qui réalise aujourd'hui un chiffre d'affaire d'un milliard et demi d'euro et emploie 15.000 personnes parlant 30 langues différentes. La montée de Fosun, dans le cadre d'une opération amicale, doit permettre au Club de renforcer son assise en Chine qui accèdera bientôt au rang de première puissance économique mondiale, donc touristique. L’avenir va peut-être en décider autrement.

Que sait-on des intentions de l'italien ?

Pour l’instant, à part la surenchère financière sur le prix du rachat de l’action, Bonomi n'a pratiquement rien dévoilé de sa stratégie à une exception notable : il entend renforcer le Club en Europe, le développer en Amérique latine et surtout réinvestir dans le moyen de gamme que l'actuelle direction du groupe avait abandonné au profit d'une montée en prestige, et donc des prix.

Et puis il y a la personnalité du nouveau candidat italien allié à des fonds d’investissement sud-africain et brésilien. Riche héritier d’une dynastie industrielle et immobilière italienne, Andréa Bonomi s'est illustré notamment en rachetant les motos Ducati en 2006 avant de les revendre à Audi six ans plus tard, pour mieux racheter en 2012 Aston Martin, les voitures fétiches de James Bond. Certains observateurs craignent que le dossier Club Med ne soit pour lui qu'une simple opération de culbute financière.

Quel calendrier ?

L'AMF – l'Autorité des Marchés Financiers – va organiser la confrontation des offres. Reste l’attitude de l’Etat français qui est actionnaire du Club Med à hauteur de 7% indirectement via la Caisse des Dépôts et Consignations. Jusqu'à présent, l'Etat est resté silencieux.

Ce qui est certains c'est que l'offre du chinois Fosun est soutenue par l'encadrement et les Gentils Organisateurs du Club. Même Jean-Claude MAILLY, le patron de Force Ouvrière, syndicat majoritaire du groupe, défend cette option. Il voit en Andréa Bonomi un "raider". Les jeux restent très ouverts.

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