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Salaire des grands patrons : ce qui est légal est-il moral ?

RentrĂ©e 2015 marquĂ©e par une nouvelle polĂ©mique autour de la rĂ©munĂ©ration d’un grand patron : Michel Combes, qui s’apprĂȘte Ă  quitter la direction d’Alcatel-Lucent pour celle de NumĂ©ricable-SFR, pourrait toucher jusqu’à 14 millions d’euros de primes diverses. A force de parler de dĂ©cence ou d’indĂ©cence de telles rĂ©munĂ©rations, on en oublie la question de leur lĂ©gitimitĂ©
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Salaire des grands patrons : ce qui est lĂ©gal est-il moral ? - illustration prĂ©texte © Fotolia)

Un premier Ă©lĂ©ment de rĂ©ponse se trouve dans l’écart de rĂ©munĂ©rations qui existe entre les patrons de grands groupes et des salariĂ©s. Ce rapport Ă©tait de 1 Ă  30 dans les annĂ©es 80
 il est aujourd’hui de 1 à
 400 ! Le capitalisme a-t-il perdu la raison ? La question semble superflue.

 

Qu'en est-il exactement du cas Michel Combes ?

 

Il est reprochĂ© Ă  l’ancien tĂŽlier d’Alcatel-Lucent de pouvoir toucher, dans les trois ans Ă  venir, prĂšs de 14 millions d’euros, sous forme d’actions, et non d’argent liquide.

Montant dĂ©cidĂ© en Conseil d’administration et validĂ© en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires, en guise de rĂ©munĂ©ration de long terme.

Michel Combes avait Ă©tĂ© appelĂ© Ă  la rescousse en 2013 pour prendre la tĂȘte d'un groupe vouĂ© Ă  la faillite et qu'il a, certes, redressĂ© et sauvĂ©, mais au prix d'un lourd plan social.

Outre le montant, ce qui choque aussi dans cette affaire c'est le fait que les conditions d'octroi de ces primes aient Ă©tĂ© changĂ©es au cƓur de l'Ă©tĂ© – pour Michel Combes et l'ensemble des collaborateurs de l'entreprise – pour tenir compte du rachat d'Alcatel par le finlandais Nokia. Une partie des primes Ă©tant liĂ©e au succĂšs de l'opĂ©ration.

 

Un code de bonne conduite avait Ă©tĂ© mis en place par le Medef et l’Afep (l'Association française des entreprises privĂ©es). Est-il restĂ© lettre morte ?

 

C'est tout le paradoxe. Il y a aussi le principe du ‘’Say on pay’’ (les rĂ©munĂ©rations validĂ©es en assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des actionnaires et plus uniquement entre membres de conseil d’administration). 

Avec les différentes réglementations, il y a aujourd'hui une transparence totale. On sait tout des salaires des grands patrons. Cette transparence permet des comparaisons internationales et on s'aperçoit que nos dirigeants ne sont finalement pas les mieux lotis.

 

Pour autant, ce qui est légal est-il moral ?

 

Les 15 millions d'euros de revenus annuels de Zlatan Ibrahimovic ou les 23 millions de Thiago Silva, footballeurs du PSG, sont-ils moins scandaleux que le salaire d'un grand patron ? Ces montants vertigineux font peur... dĂ©goĂ»tent... nous conduisent de plus en plus vers une sociĂ©tĂ© duale, composĂ©e de riches patrons face Ă  des salariĂ©s smicardisĂ©s Ă  outrance. Un vrai sujet de rĂ©flexion, ne serait-ce qu’au nom de la dĂ©mocratie. A terme, le ras-le-bol se traduit trop souvent de maniĂšre violente dans les urnes.

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