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Salaire des grands patrons, il faut changer les règles

Indemnités de départs refusées pour l'ancien dirigeant d'Air France... retraite chapeau annulée pour le patron de SAFRAN... l'Etat actionnaire a décidé de frapper fort hier en assemblée générale des deux entreprises.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Oui et de grands groupes entièrement privés pourraient se sentir obligés de se mettre rapidement au parfum sous la pression. Pas plus tard que la semaine dernière, on apprenait par exemple que l'ancien patron de CARREFOUR, Lars Olofson, (qui a fait plonger le titre en bourse de 40% sous son mandat) partirait finalement avec une retraite chapeau comprise entre 350 et 500.000 euros par an, plus une indemnité de non concurrence d'1 millions et demi d'euros. Ce cas relève donc du d'une entreprise strictement privée... on verra comment les mentalités y évoluent. Le débat autour de la rémunération des patrons d'entreprises semi-publiques, lui, soulève plusieurs questions d'ordre technique.

Par exemple ?
 
On ne parle, pour l'instant, que des indemnités de départ ou des retraites chapeau et non de la rémunération fixe du dirigeant. Or, c'est sur ce point crucial que François Hollande veut avancer. Les difficultés vont alors apparaître. En France, sauf clause spéciale, la relation contractuelle entre le salarié et l'Etat employeur est régie par le droit privé qui interdit toute modification du contrat sans accord de l'employé. Il va donc falloir changer les règles. Ensuite, il y a des cas spécifiques comme le groupe européen EADS dont l'Etat français détient environ 15% mais dont les statuts sont de droit néerlandais. Comment accorder les violons en cas de Présidence tournante entre un patron français et un allemand ? La question reste posée.

Et ne faut-il pas revoir, aussi, la manière dont est décidée la rémunération d'un dirigeant ?

C'est en effet un point crucial. Aujourd'hui, le salaire du patron est décidé en comité de rémunération qui le propose au conseil d'administration de l'entreprise. Ce montant est ensuite soumis aux actionnaires en Assemblée générale mais uniquement à titre informatif. Concrètement, les actionnaires n'ont aucun pouvoir pour le refuser... on l'a bien vu hier... : l'indemnité de départ de 400.000 euros de l'ancien patron d'Air France a été rejeté à plus de 70% par les actionnaires mais rien ne peut contraindre Pierre-Henri Gourgeon à rendre l'argent qui lui a déjà été versé puisque leur avis ne vaut pas sanction.


Et comment cela se passe ailleurs en Europe ?*

Contrairement aux idées reçues, ce sont les pays anglo-saxons qui ont dégainé les premiers. En Grande-Bretagne, la question des bonus et des sur-rémunérations des patrons de banques publiques (Royal Banque Of Scotland et les Lloyd's) est posée depuis un ou deux déjà. Idem aux Etats-Unis... et puis en Allemagne où une bonne gouvernance permet d'apaiser le climat. En réalité, le débat qui s'ouvre en France permet de lancer plusieurs messages. Aux syndicats d'abord, alors que de lourdes négociations commencent. Regardez, les efforts sont partagés. Enfin, c'est peut-être aussi un moyen de régler le cas du patron d'EDF, Henri Proglio, persona non grata dans les nouvelles allées du pouvoir. Dans le cadre des nouvelles règles, Proglio devra renoncer à plus de 600.000 euros de son salaire annuel... beaucoup attendent de voir sa réaction.

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