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Vers une nationalisation partielle de PSA Peugeot Citroën ?

Alors que PSA Peugeot Citroën est en pleine négociation stratégique avec le chinois Dongfeng, le constructeur automobile américain General Motors a annoncé jeudi  qu'il cédait les 7% détenus dans le capital de la marque au lion. Décryptage.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Est-ce un clash de General Motors en réaction à l'accord que PSA est en train de négocier avec Dongfeng ? Non, du moins officiellement. Il s'avère que l'alliance conclue avec Peugeot en mars 2012, qui était présentée comme étant de dimension mondiale, s'est révélée moins prometteuse que prévu. L'objectif initial était de parvenir à des économies communes de 730 millions d'euros en 2016. Finalement, on ne devrait pas dépasser 400 millions à l'horizon 2018. Il était temps d'arrêter les frais.

Cela veut dire que les projets communs vont être abandonnés ?

Non, mais l'annonce du retrait de General Motors du capital de PSA a créé la surprise... d'autant qu'avec cette opération, l'américain réalise une moins-value. Il avait acheté ses parts 320 millions d'euros et pourrait les revendre entre 240 et 250 millions. Les deux groupes vont continuer à travailler ensemble. Sur l'Opel Zaphira qui va alimenter les lignes de l'usine de Sochaux dans le Doubs, et sur un projet commun autour d'un modèle de véhicule léger de type Berlingo. En réalité, c'est le principal projet de l'alliance qui a capoté : le développement d'une plateforme commune pour fabriquer de petites voitures et les moteurs qui y sont associés. General Motors aurait renoncé pour des raisons d'incompatibilité technologique entre les 2 marques.

Est-ce que ce retrait de GM du capital de PSA va faciliter les négociations avec Dongfeng ?

Oui car cela va simplifier l'actionnariat. General Motors en moins dans le tour de table laisse à PSA les mains plus libres pour négocier une augmentation de capital avec le chinois, dont il est déjà partenaire dans 3 usines dans l'Empire du Milieu. Après sa perte historique de 5 milliards d'euros en 2012, PSA cherche de l'argent frais, et a trouvé en Dongfeng le partenaire idéal. Pour l'instant rien n'est ficelé mais l'affaire est en bonne voie pour trouver au moins 3 milliards et demi d'euros selon certaines sources. Pour Dongfeng, ca serait un accès direct à la technologie française pour conquérir de nouveaux marchés en Asie, pourquoi pas avec Peugeot.

Un accord gagnant-gagnant ?

Oui, mais l'Etat veille au grain et l'a rappelé hier par l'intermédiaire d'Arnaud Montebourg : OK pour l'opération, à condition que PSA reste français. L'Etat pourrait donc participer à l'augmentation de capital à parité avec le chinois : 20% chacun, auxquels s'ajouteraient d'autres investisseurs tricolores.
Il y a un an, l'Etat s'était déjà porté caution de l'avenir de la branche financière de Peugeot (PSA Finances) à hauteur de 7 milliards d'euros jusqu'en 2015. L'Etat qui détient déjà 15% de Renault va-t-il devenir aussi actionnaire de référence de PSA à la place de la famille Peugeot ? Fantasme ou réalité ? Les prochains mois - peut-être les prochaines semaines - nous diront si nous sommes en train d'assister à une semi-nationalisation du groupe familial vieux de 200 ans.

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