Noémie Merlant, Louise Courvoisier et Coralie Fargeat : les femmes s’emparent du cinéma
The Substance de Coralie Fargeat, déjà salué par la critique à Cannes et par le public à sa sortie en salle, continue sur la route du succès avec cinq nominations aux Golden Globes, notamment pour le prix de la meilleure réalisation et pour récompenser les actrices Demi Moore et Margaret Qualley. Coralie Fargeat en est consciente, cette sélection constitue une "fenêtre absolument géniale". En effet, la nomination aux Golden Globes est généralement une porte d’entrée à la cérémonie des Oscars pour les films sélectionnés.
La réalisatrice a notamment une pensée pour ses actrices, qui ont accepté de la suivre dans ce projet et de "soutenir la vision du scénario" qu’elle leur avait soumis. "C'est un film qui est corporel, partage-t-elle, où leur image est vraiment mise en jeu. Et elles [Demi Moore et Margaret Qualley] tiennent un discours fort en incarnant ces rôles dans le film." Celle-ci se dit donc "ravie" que leur performance soit saluée.
La cérémonie des Golden Globes aura lieu aux Etats-Unis, le 6 janvier 2025.
Les regards singuliers de Louise Courvoisier dans Vingt Dieux et de Noémie Merlant dans Les Femmes au balcon
"C'est beau d'avoir deux regards de femmes qui ne s'expriment pas de la même manière, mais qui ont toutes les deux une position forte sur la manière de raconter le monde, les rapports amoureux et les personnages de femmes", déclare Louise Courvoisier. C'est effectivement ce que font très bien Noémie Merlant et Louise Courvoisier, chacune à leur manière dans leur film respectif.
Louise Courvoisier raconte dans son film Vingt Dieux une réalité qui lui est proche, puisque celle-ci déclare avoir voulu parler "des 20 kilomètres autour de chez [elle], en espérant que ça puisse résonner un peu plus loin". Le film raconte la vie d’une jeunesse jurassienne loin de tout cliché sur la ruralité, et a l'ambition d'offrir un regard "sincère" et "libre" sur ce lieu et sur les personnages.
"Je n'avais pas envie d'un film trop misérabiliste, qui tombe dans le pathos, je voulais montrer des personnages toujours dans l'élan, dans la vitalité."
Louise Courvoisierfranceinfo
Une liberté qu’elle a acquise au cours de ses études de cinéma à la CinéFabrique à Lyon, où elle a pu "embarquer toute la famille de cinéma rencontrée là-bas, sur le film". Ce travail collectif leur a permis de réaliser le film souhaité "sans s'inspirer d'autres codes", explique Louise Courvoisier. Cette liberté se retrouve également dans la difficulté pour la réalisatrice de se reconnaître dans un genre précis. Elle concède toutefois tirer une certaine influence des Etats-Unis, cette dernière s’étant inspirée du western dans la façon de filmer la ruralité, souhaitant échapper à une représentation "très naturaliste" de celle-ci, pour y intégrer "un peu de fantasmes".
Celle qui n’a pas non plus cherché à faire dans la sobriété et le naturalisme, c’est Noémie Merlant, avec son deuxième long-métrage Les Femmes au balcon, que cette dernière décrit elle-même comme "une farce comique, horrifique, fantastique, qui ose le mauvais goût et la vulgarité". Faisant référence à sa première apparition à l’écran en perruque blonde et robe style pin-up, elle explique : "J'arrive en Marilyn pour casser ce mythe qui nous a trop souvent enfermées, oppressées et même voler nos vies. Et parfois, on le casse grâce à la vulgarité."
La réalisatrice déclare également "adorer les films d’horreur", qui ont été les premiers films qu’elle a regardés, confie-t-elle. Un genre qu’elle a su réinventer à travers son film, et servant d’exutoire à la colère que Noémie Merlant dit avoir beaucoup emmagasiné. "À un moment donné cette colère doit s'évacuer, ainsi que la violence subie, partage Noémie Merlant. Je n'aime pas la violence, donc je l'ai mise dans un film, pas dans la réalité, et je l'ai alliée avec de l'humour."
"Malgré le propos sérieux de l’histoire, le film a vocation à ne pas se prendre au sérieux."
Noémie Merlantfranceinfo
Un discours qui résonne avec le début du procès de Christophe Ruggia, ce dernier étant accusé d’agressions sexuelles par l'actrice Adèle Haenel. Une affaire qui touche intimement les deux réalisatrices, Noémie Merlant étant notamment très proche d'Adèle Haenel, avec qui elle a partagé l’affiche de Portrait d’une jeune fille en feu de Céline Sciamma. Tout en lui apportant son soutien, Noémie Merlant déplore les raisons qui ont poussé l'actrice à se retirer du cinéma, dénonçant un système qui a trop longtemps été propice à ce genre d’abus. "Si on avait accueilli sa parole, qu'on l'avait respecté un peu plus, et qu’on l'avait davantage protégée, elle serait peut-être encore dans le cinéma français…", regrette-t-elle. Déclarant dans la foulée qu’elle se rendra au procès après son passage au micro de Tout Public.
Vingt Dieux et Les Femmes au balcon, en salle à partir du 11 décembre 2024.
Une émission avec la participation de Thierry Fiorile et Matteau Maestracci, journalistes au service culture de franceinfo.
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