Taylor Swift et les élections américaines, Mati Diop et la décolonisation de l'imaginaire : deux femmes qui s'engagent

Mercredi 11 septembre dans "Tout Public", l'influence de Taylor Swift dans les intentions de vote américaines, et la réalisatrice Mati Diop pour son documentaire "Dahomey".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 22 min
Taylor Swift en mai 2024, Mati Diop le 11 septembre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP - FRANCEINFO)

La chanteuse Taylor Swift vient d'annoncer son soutien à la candidate démocrate Kamala Harris à la suite de son débat avec Donald Trump. Quel impact pour la campagne présidentielle américaine ? Elsa Grassy, maîtresse de conférences en études américaines à l’université de Strasbourg, est l'invitée de "Tout Public" pour répondre à nos questions sur le sujet.

L'universitaire insiste sur le fait que l'artiste a une influence considérable, notamment au niveau des inscriptions sur les listes électorales. "En 2023, quand Taylor Swift avait demandé aux potentiels électeurs américains de s’inscrire sur les listes, il y avait eu une énorme affluence de personnes sur le site Vote.org", déclare-t-elle. L'engagement de la chanteuse pourrait notamment faire une différence auprès de la jeune génération. "Les jeunes sont une population qui vote peu, explique-t-elle, […] et donc les pousser vers les urnes en leur disant que leur voix doit être entendue, ça peut faire une différence importante."

Le soutien des personnalités du monde du spectacle et de la musique dans le paysage politique américain n’étant pas chose nouvelle, Yann Bertrand en propose une rétrospective, du show de Bruce Springsteen à l’élection de Joe Biden, à l’iconique "Happy Birthday Mr President" de Marylin Monroe pour le Président Kennedy.

L'Ours d'or Dahomey

Mati Diop, qui avait reçu le Grand Prix au Festival de Cannes 2019 pour son premier film Atlantique, remporte cette fois l'Ours d'or pour son nouveau documentaire Dahomey, qu'elle qualifie de "contre-récit". La cinéaste y suit la restitution de 26 œuvres béninoises pillées par la France lors de l'invasion coloniale en 1892. Mais au lieu de montrer l'histoire officielle, celle du rapatriement des œuvres du musée du Quai Branly au palais présidentiel de Cotonou, Mati Diop raconte le rapport du peuple béninois à ce patrimoine retrouvé. "C'était l'opportunité de faire descendre le débat du sommet vers la base et de faire entendre cette question d'un point de vue africain (...) et surtout d'entendre une jeunesse africaine qu'on n'avait jamais entendue sur la question alors qu'elle en est la première destinataire."

La réalisatrice rappelle l'importance pour le Bénin de se libérer de l'héritage colonial, et appelle le ministère de la Culture à accélérer l'adoption de la loi-cadre concernant le patrimoine africain.

"Il s'agit de volonté politique. (...) Donc j'invite très fortement la ministre de la Culture, Rachida Dati, de reprendre en main ce dossier qui doit absolument avancer."

Mati Diop

franceinfo

Elle recommande par ailleurs à l'actuelle ministre de la Culture, à ses successeurs, et à toutes les autres personnes qui veulent déconstruire et décoloniser leur imaginaire, à aller découvrir Dahomey. En salle aujourd'hui, mercredi 11 septembre 2024.

Une émission avec la participation des journalistes Nicolas Teillard de la rédaction internationale de Radio France, Yves Bertrand et Anne Chépeau du service culture de franceinfo.

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