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Entre tradition et modernité, le transport fluvial a la cote

Si le canal Seine-Nord-Europe est toujours en discussion, le transport fluvial est en plein essor. Ce grand projet de canal, stoppé en 2012, a été relancé. En attendant, Gérard FELDZER s'intéresse au métier de marinier, entre tradition et modernité.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Et si le transport fluvial était
la solution face à la pollution en Ile-de-France ? Passagers et
marchandises naviguent au fil de l'eau, empruntant le réseau de canaux et de
rivières navigables sur le territoire national. "Canaux, rivières, fleuves : les voies navigables de France
constituent un réseau de plus de 6.000 km"
affirme Marc Papunutti, directeur des Voies Navigables
de France (VNF). Des écluses aux barrages, ces voies fluviales nécessitent de
nombreux ouvrages pour réguler le trafic.

Ainsi, s'il est toujours détrôné par le camion qui transporte encore 80% des marchandises, le transport fluvial se présente aujourd'hui comme une solution
économique et écologique.

Les voies navigables de France constituent un réseau de plus de 6.000 km.

D'ailleurs, le projet du Canal Seine-Nord Europe a
été relancé fin 2013. Celui-ci avait été abandonné en 2012 mais pourrait bien
finir par voir le jour. S'inscrivant dans un vaste projet transeuropéen des
transports qui vise à relier la ville du Havre au Benelux, le canal Seine-Nord
Europe devrait être construit entre l'Oise (à Compiègne) et Douai. Le budget,
revu à la baisse, a été estimé à 4,5 milliards d'euros, contre près de 7
milliards selon l'ancien schéma.

Pour
beaucoup, ce canal représenterait le chaînon manquant entre les canaux du nord
de l'Europe et Paris. Le projet vise à désenclaver le bassin de la Seine, et à
ouvrir la France sur le réseau fluvial à grand gabarit du nord et de l'est de
l'Europe. Les études initiales réalisées en 2006 par Voies navigables de France
prévoyaient qu'à l'horizon 2020, le canal transporterait de l'ordre de 13 à 15
millions de tonnes de marchandises, soit l'équivalent de 500.000 poids-lourds
par an sur l'un des corridors de transit les plus empruntés d'Europe.

Représentant 30% des émissions
de dioxyde de carbone en Europe, le transport de marchandises ne cesse de faire
débat et de susciter l'indignation des protecteurs de l'environnement.

Si les enjeux économiques et
écologiques propres au 21ème siècle redonnent des couleurs au
transport fluvial, le métier de marinier accorde toujours beaucoup d'importance
à la tradition. D'ailleurs, dans les familles de mariniers, la passion se
transmet toujours de père en fils : "Ce n'est pas un métier qu'on apprend
de manière purement théorique, assis derrière un bureau"
, confirme Rogine
Dourlent, batelière, "Vent, crues, inondations
: l'apprentissage ne permet pas toujours de rencontrer toutes les conditions"
.
Chez les Dourlent, les hommes de la famille sont mariniers depuis cinq
générations.

À quelques encablures de Paris, Conflans-Sainte-Honorine
est considérée comme la capitale de la batellerie. Tous les ans, au mois de
juin, ils célèbrent le Pardon national de la batellerie. Selon la coutume, les
bateliers descendent la Seine à bord d'un bateau-flamme sur lequel est allumé
un flambeau. Le père Arthur illustre parfaitement la solidarité fluviale :
ce prêtre a recueillie et a aidé les bateliers en difficulté pendant de nombreuses années, mais aussi des exclus
et sans-papiers, à bord du bateau, le "Je Sers". Entre
tradition et solidarité, la batellerie trouve aujourd'hui un nouveau souffle à
travers l'impératif écologique. 

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