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La journée mondiale des passages à niveau

Aujourd’hui se tient la journée internationale de sensibilisation aux passages à niveau, organisé par l’UIC, l’union internationale des chemins de fer.
Article rédigé par Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© lionel charrier sncf)

On appelle ces barrières des "passages à niveau" car la route et le chemin de fer se croisent au même niveau, au contraire des ponts ou des tunnels, qui passent dessus et dessous.

Les passages à niveau (PN) font partie de la vie quotidienne de beaucoup de gens

Mais en tant qu’interface entre la route et la voie ferroviaire ils représentent des risques certains. On déplore plus de 700 décès et blessés graves, par an en Europe, et probablement plus de 10 000 dans le monde qui compte plus de 600 000 passages à niveau.

L'observation des faits montre qu'il ne s'agit que très rarement d'un problème ferroviaire, mais bien plus souvent d'un problème de comportement des autres usagers, piétons, motards, automobilistes, etc...Le respect des règles de signalisation (et du Code de la route !) et la simple prudence permettraient de réduire de façon considérable le nombre d'accidents.

A l'occasion de cette journée internationale des passages à niveau, l'IRU (International Road Transport Union) et l'UIC (l'union internationale des chemins de fer) ont sorti des flyers pour alerter le public, et pour sensibiliser les conducteurs aux risques ; ils sont distribués soit directement aux conducteurs, soit à travers l’Académie d’IRU aux conducteurs professionnels.

1 accident sur 3 est du aux piétons et aux cyclistes

Ils forcent le passage malgré l'abaissement de la barrière croyant avoir le temps de passer, quant aux voitures ce n’est pas mieux, d’où cette campagne de sensibilisation.

Isabelle Fonverne chargée de mission sécurité ferroviaire à l’UIC, affirme que tous les acteurs vont faire campagne dont les auto-écoles. Par ailleurs, des radars seront systématiquement installés qui sanctionneront lourdement les contrevenants.

Ecouter l'Interview complète d'Isabelle Fonverne

Pierre Daburon directeur sécurité sûreté à SNCF réseau, souligne que le problème est plus routier que ferroviaire, car les passages à niveau sont plutôt sûrs, mais lorsqu'un véhicule force le passage et pire, reste immobilisé, le train ne peut pas s'arrêter en moins de 800 m lorsqu'il roule à 90 km/h. 

"On voit encore des véhicules qui restent coincés sur la voie, qui sont passés sous la première barrière et bloqués par la deuxième alors qu'il est prévu de passer au travers."

Défoncer la barrière si on est coincé sur un passage à niveau

​C’est d’autant plus vrai lorsque la voie de chemin de fer est en courbe, donc inclinée, la route présente alors des dos d’âne, la consigne alors est de défoncer la barrière, et c’est même écrit dans le code de la route !

Ecouter l'Interview complète de Pierre Daburon

Mais si un tracteur, par exemple restait malgré tout, bloqué avec sa remorque, on a prévu d'expérimenter dès cette année en France des détecteurs d’obstacles, qui avertissent le conducteur de train en amont, pour s'arrêter à temps.

Les détecteurs d'obstacles sont utilisés au Japon pour plus de 30% des passages à niveau

Par ailleurs beaucoup de collectivités réclament la suppression pure et simple des passages à niveau pour les remplacer par des ponts ou des tunnels.

Le problème est qu'un ouvrage d'art coûte entre 5 et 50 millions d'euros. Pour couvrir la France entière, il faudrait trouver 100 milliards d’euros ...mission impossible ! Donc on sécurise d’une part, et on fait de la sensibilisation comme on le fait aujourd’hui, d’autre part.

Sur les 15 000 passages à niveau en service, 1 400 sont encore gardés, car c'est obligatoire pour les trains dépassant les 160 km/h et cela fait partie de l’histoire des chemins de fer. Clive Laming, historien des chemins de fer, nous raconte la fabuleuse histoire des gardes barrières qui faisaient partie des 580 000 cheminots de la SNCF en 1936 (compte tenu entre autres des automatismes, ils sont actuellement environ 200 000) . Beaucoup de femmes de cheminots, souvent des veuves occupaient ainsi une maison modeste en échange de petits services, comme celui de lever et d'abaisser les barrières. 

Ecouter l'Interview complète de Clive laming

Ces maisons de garde barrières nous amènent à notre coup de cœur de cette semaine, puisqu’au fur et à mesure de l’automatisation, ces maisons sont à vendre.

Faire l’acquisition d’une maison quelque fois en bout de ligne abandonnée est tentant : venir chez soi avec sa draisine personnelle (voiture sur rail à manivelle) peut nous faire rêver, mais petite précaution : si la ligne n’est pas totalement abandonnée, et qu'elle est réactivée pour du fret ou du transport de voyageurs, le rêve se transformera rapidement en cauchemar ! Mais il y a encore de bonnes affaires à faire !

 

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