Le vivant comme modèle pour les transports
A l'occasion de la journée mondiale des intelligences animales, Gérard Feldzer revient sur cette question du biomimétisme, qui s’inspire du vivant pour répondre aux problèmes des humains et innover, notamment dans le domaine des transports.
Cette journée mondiale des intelligences animales a été consacrée, samedi 5 février, à l’étude des capacités cognitives de nos amis à pattes, à plumes ou à nageoires. Elle permet de mettre l’accent sur les formidables sources d’inspiration pour l’être humain, mises à disposition par la nature, et dont l’évolution relève du génie.
Les mondes minéral, végétal et animal ont développé des formes, des matières et des systèmes, capables des plus grandes choses, qui nous paraissent pourtant si simples : respirer, éclairer, chauffer, résister, et même voler.
La Nature comme solution
Le biomimétisme, méthode de recherche et de développement qui s’inspire de l’ingéniosité des organismes vivants pour répondre aux problèmes des humains, est source d’innovation, notamment pour les transports de demain. Serait-ce dans notre environnement que se trouve la solution à tous nos problèmes ?
"Peu importe le défi industriel ou technologique auquel nous faisons face, il y a de très grandes chances pour que la nature ait déjà trouvé une réponse équilibrée et éprouvée au fil des millénaires. C’est la magie de l’évolution."
Sidney Rostan, PDG de Bioxegy, spécialiste français du biomimétismeà franceinfo
Vers un biomimétisme durable ?
L’histoire de l’aviation fourmille d’exemples. Au XIXe siècle, Jean-Marie Le Bris, pour le premier vol humain, à bord d’un planeur à ailes articulées, similaire à l’albatros, puis Clément Ader, qui effectua le premier décollage sur un avion motorisé, l’Eole, dont la forme est copiée sur la chauve-souris…
Et même aujourd’hui, les projets copient fréquemment la nature. Expérimenté en novembre 2021, le projet Fell’O Fly d’Airbus imite le vol en V des oies sauvages : deux avions volent l’un derrière l’autre ce qui permettrait d’économiser plus de 15 milliards de litres de kérosène à l'échelle mondiale.
Cet intérêt de la part des compagnies aériennes reflète l’avis de Sidney Rostan, qui affirme que le biomimétisme serait même économiquement viable, pertinent et profitable aux entreprises.
"Le biomimétisme a, d’une part, cette capacité à répondre à la notion de compétitivité et de progrès technologique, parce qu’on va allier l’ingéniosité optimisée et éprouvée dans le vivant. Le vivant vit dans des milieux sous contrainte, par rapport auxquels il doit être compétitif : c’est une notion de survie.
D’autre part, quand on va s’inspirer de technologies du vivant, c’est parce que, d'une manière ou d’une autre, elles sont le fruit d’une évolution pour obtenir le meilleur rendement avec moins de ressources nécessaires (énergie, matériel…)," précise Sidney Rostan.
C’est le cas des ailes d’avions dont les bouts sont relevés. Ces "winglets", sont inspirées de la forme prise par les rémiges du bout des ailes des oiseaux en vol, la forme des pales d’éoliennes résultent, elles, de l’observation des nageoires des cétacés, certains rétroviseurs sont modelés comme les yeux antireflets des cigognes, ou encore, le fonctionnement des radars est calqué sur les sonars des chauves-souris… Les exemples ne manquent pas.
Dans le même ordre d’idées, nous aimerions tous comprendre comment fait la puce pour sauter à une hauteur de 180 fois sa propre taille, l’équivalent d’un homme qui franchirait la hauteur de la Tour Eiffel. Ou encore, savoir quels secrets de longévité cache la palourde, qui peut vivre 500 ans, ou la carpe, 200 ans.
Qui plus est, le biomimétisme pourrait aussi nous mener vers des innovations plus vertes et durables. Valoriser l’environnement est peut-être le moyen le plus sûr de le sauver puisque, selon les chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle, 100 espèces disparaissent de la planète chaque jour, à cause de l’activité humaine. Tout ceci pourrait bien être à l’origine d’une nouvelle extinction de masse sur la Terre.
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