Transportez-moi. L’innovation au service de la lutte contre les feux de forêt
Chaque année, plus de 30 millions d’hectares de forêts disparaissent en raison des incendies. Les feux de forêt sont désormais une menace de premier plan pour les écosystèmes. Les nouvelles technologies peuvent néanmoins permettre de réinventer la lutte contre ces feux.
Le Var, la Sibérie, la Californie, l’Australie, la Grèce ou encore l’Italie, toutes ces régions ont un point commun. Elles ont toutes été victimes de feux de forêt d’une ampleur inédite. Le dérèglement climatique n’est pas sans conséquence sur le développement des feux de forêt.
Chaque année, plus de 30 millions d’hectares, soit 10 fois la surface de la Belgique, disparaissent dans les flammes. Dans le même temps, 8 milliards de tonnes de gaz à effet de serre sont rejetées dans l’atmosphère. Cela correspond au volume des émissions du secteur des transports au niveau mondial.
Pour autant, ces émissions de gaz à effet de serre ne sont pas toujours comptabilisées dans le bilan carbone global de l’humanité, car elles sont d’origine naturelle. Elles s’ajoutent donc aux 41 milliards de tonnes déjà émises par l’activité humaine.
Des ressources colossales pour lutter contre les feux de forêt
Seulement, pour lutter contre les incendies de forêt, des ressources toujours plus importantes sont nécessaires. Les bombardiers d’eau comme les Canadairs, doivent intervenir le plus tôt possible, dès le départ d’un feu. C’est à ce moment-là qu’ils sont les plus efficaces. S’ils interviennent plus tard, les pilotes doivent voler très bas, parfois à flanc de colline, pour attaquer le feu à sa racine. Malheureusement, les accidents ne sont pas rares, malgré les capacités exceptionnelles de ces pilotes.
De nouvelles techniques
Face à la menace grandissante des feux de forêt, les méthodes de lutte se modernisent. En France, le projet Kepplair vise à transformer un Airbus en un bombardier à eau. Résultat : ce nouvel appareil pourrait larguer jusqu’à 40 000 litres d’eau à chacun de ses passages.
De nouveaux concepts apparaissent aussi, comme le projet MIKA. Il consiste à transporter de gros drones à bord d’avions cargo de type A400M. Chargés chacun de 3 000 litres de produits, ils sont largués sur zone, pilotés depuis le sol ou en mode autonome, afin de lutter plus efficacement contre l’incendie.
Ces drones sont programmés pour revenir à la base en automatique, une fois leur produit largué. De cette manière, une rotation continue est assurée pour avoir une bonne efficacité au niveau du feu. Jusqu’à présent, il nous manquait l’instrument qui nous permet aujourd’hui d’allier grande quantité d’eau et précision.
Yann Barbaux, ancien directeur de l'innovation d'Airbus
En un seul passage, 5 à 6 drones sont largués et peuvent éteindre entre 100 et 200 mètres de feu par minute. En une heure, le dispositif permet d’éteindre un incendie sur 3 à 8 km.
Des investissements importants
Le coût de cette innovation est estimé à 35 milliards d’euros. Cela équivaut, par exemple, au quart du budget de 150 milliards d'euros mis en œuvre pour la construction de la Station spatiale internationale. Ce projet, s’il était pris en compte par une coopération internationale, telle que des “casques bleus du feu” dotés de moyens importants, bénéficierait à l’ensemble de l'humanité.
"Si on ramène ce budget à la tonne de CO2, actuellement négociée à 6 dollars, alors qu’aujourd’hui le reboisement, conséquence des incendies, coûte autour de 50 dollars, cette solution est économiquement et écologiquement très intéressante", ajoute Yann Barbaux
Et surtout, ces nouvelles solutions, qui permettraient de limiter l’ampleur des feux, aideraient à préserver la faune et la flore, qui paient un lourd tribut, sans compter les dégâts matériels et humains.
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