Cannes, un festival de palmes. Le cinéma de Kusturica témoigne : "J'avais un pays, voilà comment on y vivait"

Emir Kusturica restera comme le cinéaste d'un pays aujourd'hui disparu, la Yougoslavie, dont il a écrit, par le cinéma, une partie de son histoire. Il est "l'héritier et, en même temps, le re-point de départ de cette école des pays de l'est", explique Thierry Frémaux à Thierry Fiorile pour franceinfo. Le délégué général du festival de Cannes rappelle que la Yougoslavie est "le thème du cinéma des premières années [de Kusturica], j'avais un pays et ce pays, voilà comment on y vivait". 

Quand, à même pas 30 ans en 1985, Emir Kusturica est sacré à Cannes avec Papa est en voyage d'affaires, il a déjà quitté la croisette. "Jamais il n'a cru pouvoir remporter cette palme d'or, raconte Thierry Frémaux, et surtout on l'avait prévenu trop tard, il n'avait pas pu et n'avait pas les moyens de revenir."

1995, seconde palme d'or pour Underground. Le film suscite la polémique. On considère qu'il "prend avec un peu de légèreté et par le folklore quelque chose qui se joue de façon dramatique dans les Balkans à ce moment-là", explique Thierry Frémaux. Pour lui, Kusturica "impose sa touche et s'incarne comme ces cinéastes inconnus qui viennent convaincre un jury contre une liste de favoris. Aujourd'hui on sait que tout peut arriver".

Emir Kusturica fête sa palme d'or à Cannes en 1995, entouré de Harvey Keitel, Carole Bouquet ou encore Johnny Depp (document France 2) : 

De La Grande bouffe à Ken Loach, en passant par les grands moments du cinéma italien, les films audacieux et les années à scandale, chaque jour, en attendant la cérémonie d'ouverture du 70ème festival de Cannes, franceinfo raconte ces palmes qui ont marqué l'histoire du festival avec son délégué général, Thierry Frémaux, et Thierry Fiorile, spécialiste du cinéma à franceinfo. Chacun des 35 épisodes s'articule autour d’une thématique.