Argentine : les 100 premiers jours de l’anarcho-libertarien Javier Milei à la présidence

Javier Milei est encore soutenu par 45% de la population, trois mois après son arrivée au pouvoir, armé d'une tronçonneuse, pour relancer l'économie et débarrasser le pays de sa classe politique corrompue.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Javier Milei brandit une tronçonneuse lors d'un rassemblement politique à la Plata, en Argentine, le 12 septembre 2023. (MARCOS GOMEZ / AG LA PLATA)

Cela fait déjà 100 jours que Javier Milei est arrivé au pouvoir, armé d’une tronçonneuse, déterminé à tailler en pièces les fondations d’un État bien trop laxiste et dépensier à son goût, déterminé, également, à relancer l’économie et débarrasser l’Argentine de sa classe politique corrompue. Et si l’on jette un œil sur les sondages d’opinion, Javier Milei et sa méthode punk s’en sortent plutôt bien, 61% des Argentins lui accordaient leur confiance au moment de son investiture. Et 100 jours plus tard, l’anarcho-libertarien est encore soutenu par 45% de la population. Ce n’est franchement pas si mal, compte tenu de la thérapie de choc qu’il a mené au pas de course depuis la mi-décembre.

Le président argentin n’a pas eu peur de faire des choix impopulaires : libéralisation des prix, dévaluation de la monnaie, annulation d’une loi sur l’encadrement des loyers, suppression de 50 000 emplois publics, suppression des aides à l’énergie et aux transports. Du jour au lendemain, le prix du ticket de bus a été multiplié par trois. En à peine deux mois, les Argentins ont perdu près de 20% de pouvoir d’achat. Pour ceux qui n’ont pas d’argent, le gouvernement les autorise à payer leur loyer en litres de lait ou en kilos de viande. Rien d’autre qu’un retour à une société "féodale" pour les opposants. La feuille de route ultralibérale de Javier Milei est violente et le président ne ménage pas les Argentins.

"Un gladiateur ne se rend jamais"

Six Argentins sur dix vivent désormais dans la pauvreté, une augmentation de 15% depuis son arrivée. Le président le sait, il explique le regretter, mais il est surtout convaincu d’être tout près du but. L’inflation est redescendue à 13%, le déficit zéro se rapproche, la bascule n’est plus très loin selon lui. Et le simple fait qu’il soit encore là, à la barre du pays, prouve que ceux qui l’ont critiqué avaient tort. "Beaucoup disaient que je ne tiendrais pas 15 jours, maximum un mois, j’en ai déjà fait trois. Ils ne me connaissent pas, un gladiateur ne se rend jamais", lance Javier Milei sur un ton narquois.

Le gladiateur Milei ne se rend pas, mais il prend des coups. Certains étaient prévisibles, d’autres non, comme les louvoiements de Victoria Villaruel, la vice-présidente, qu’il a lui-même désignée. Des manœuvres inquiétantes pour Milei. C’est elle qui a inscrit, prématurément, à l’ordre du jour du Sénat, sans l’aval du président, le DNU, le méga décret "de nécessité et d’urgence". Un camouflet pour Milei, car le projet a d’emblée été rejeté. Victoria Villaruel a aussi été soupçonnée d’avoir rencontré secrètement l’ancien président Macri, à l’affût du moindre faux pas de Milei. La vice-présidente a été exclue, début janvier, d’un Conseil des ministres, par la plus proche conseillère du président : la sœur de Javier Milei. Pour la suite de son mandat, le gladiateur Milei n’est pas à l’abri d’un changement de décor, pour passer du Péplum à la télénovela.

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