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Au Brésil, des forces de sécurité sur le pont avant l’investiture de Lula

Le nouveau président de gauche doit prendre ses focntions le 1er janvier, deux mois après sa victoire électorale contre le chef d’Etat sortant, le dirigeant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Et les forces de police ont inquiètes avant la cérémonie.

Article rédigé par franceinfo
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Des soldats de l'armée brésilienne mettent en place le dispositif de sécurité pour l'investiture du président Lula da Silva sur l'Esplanade des ministères à Brasilia, le 27 décembre 2022. (EVARISTO SA / AFP)

La crainte est élevée de débordements, voire d'attentats, deux mois après la victoire électorale de Lula, le nouveau président de gauche, contre le chef d’Etat sortant, le dirigeant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Les forces de l’ordre de la capitale, Brasilia, sont d’ores et déjà toutes mobilisées : 8 000 hommes au total. Le port d’armes est interdit dans la ville, depuis mercredi 28 décembre et jusqu’au lundi 2 janvier. Toute la famille de Lula a été invitée à rester à l’hôtel d’ici à la cérémonie, pour des raisons de sécurité. L’épouse de l’ancien président, cinq de ses enfants et trois de ses frères et sœurs, doivent participer à l’investiture.

Des centaines de milliers de personnes sont attendues sur l’esplanade des ministères, où se déroulera la cérémonie. Elles veulent célébrer le retour au pouvoir de l’homme qui a déjà dirigé le pays de 2003 à 2010. Plus de 60 délégations étrangères sont également annoncées, dont plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement (la France ne sera représentée que par le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht).

Lula pourrait défiler dans un véhicule blindé et fermé

Le déroulement exact de la cérémonie est encore à l’étude. Il n’est pas certain, par exemple, que Lula descende l’Esplanade à bord de la Rolls-Royce décapotable traditionnellement utilisée à cette occasion au Brésil. Il pourrait se replier sur un véhicule blindé et fermé.

Les forces de sécurité ont des raisons objectives d’être inquiètes, puisque samedi 24 décembre, un attentat à l’explosif a été déjoué près de l’aéroport de Brasilia. Une bombe avait été déposée près d’un camion-citerne. L’auteur des faits a été arrêté : c’est un sympathisant du président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. George de Oliveira Sousa, c’est son nom, affirme qu’il voulait "provoquer le chaos" et déclencher une intervention des forces armées. Un stock d’armes impressionnant a été découvert à son domicile, pour une valeur de 30 000 euros. L’homme a avoué avoir des complices dans les rangs bolsonaristes. Un autre homme est d’ailleurs recherché, et ici ou là, dans le pays, les militants pro-Bolsonaro continuent de se rassembler sporadiquement, généralement devant les casernes. L’inquiétude est donc compréhensible.  

Jair Bolsonaro chez Donald Trump

De surcroit, le président sortant n’a jamais vraiment reconnu sa défaite. Jair Bolsonaro, après son échec dans les urnes fin octobre, s’est d’abord muré dans le silence pendant deux jours avant de prononcer un discours ambigu, où il s’est contenté d’affirmer "respecter la Constitution". Mais il n’a jamais appelé Lula et n’a jamais cité son nom publiquement. Pendant une semaine, début novembre, les partisans de Bolsonaro ont bloqué de nombreux axes routiers, en espérant un coup d’Etat. Mais l’armée n’a pas bougé. Et les blocages ont fini par être levés. Cela dit, le président sortant d’extrême droite n’a toujours pas digéré la défaite. Il n’a visiblement pas l’intention de participer à l’investiture et ne remettra donc pas, comme le veut l’usage, l’écharpe présidentielle à son successeur. Selon la presse brésilienne, Jair Bolsonaro s’apprête même à quitter le pays, direction la Floride aux Etats-Unis. Il pourrait passer le 1er janvier chez son ami Donald Trump, dans sa résidence de Mar a Lago.    

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