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Au Japon, dix ans après la catastrophe de Fukushima, le Premier ministre estime que le nucléaire civil est incontournable

Tokyo a remis en service plusieurs réacteurs nucléaires et son nouveau Premier ministre n'exclut pas d'augmenter la part de cette énergie dans le pays.

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida, lors d'une conférence de presse, le 1er novembre 2021 à Tokyo (Japon). (RODRIGO REYES MARIN / POOL)

Le Premier ministre japonais récemment nommé, Fumio Kishida, a vu dimanche 31 octobre la coalition gouvernementale remporter les élections législatives. Cela le conforte pour appliquer son programme, qui n'exclut pas un retour au nucléaire civil. Or, le sujet est très sensible dans le pays, dix ans après la catastrophe de Fukushima. Un séisme et un tsunami ont frappé le Japon, causant 18 500 morts ou disparus... Puis un accident nucléaire à la centrale de Fukushima a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes. 

Malgré ce qui est le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl en 1986, le nouveau Premier ministre estime que le nucléaire civil est incontournable. "Il est crucial de redémarrer les centrales nucléaires", a-t-il ainsi affirmé devant le Parlement le 11 octobre. Fumio Kishida plaide aussi pour l'introduction de petits réacteurs modulaires.

Forte dépendance aux énergies fossiles

Depuis la catastrophe de Fukushima, toutes les centrales nucléaires du pays ont été fermées. Seules quelques installations ont été remises en service, comme le réacteur numéro 3 de la centrale de Mihama, au centre du pays, au mois de juin. Alors que la centrale avait été totalement arrêtée au lendemain de l'accident nucléaire de Fukushima, ce réacteur de plus de 40 ans a été relancé avec de nouvelles normes de sécurité.

Au total, dix réacteurs sont actuellement actifs au Japon, contre 54 il y a dix ans. Par conséquent, la part du nucléaire dans la production d'électricité représentait seulement 6,2% en 2019, contre 30% avant 2011. De fait, le pays est largement dépendant des énergies fossiles, comme le charbon ou le gaz naturel liquéfié, ce dernier étant importé massivement. En 2019, le Japon était donc le cinquième pays le plus émetteur de CO2 dans le monde, selon la plateforme Global CO2 Atlas.

Objectif : neutralité carbone en 2050

Le gouvernement japonais veut donc rectifier cette situation et s'est fixé comme objectif la neutralité carbone en 2050. À cette date, il souhaite donc n'émettre aucun gaz à effet de serre. Le Japon s'est notamment aligné sur le calendrier de l'Union européenne. Tokyo s'est aussi fixé comme objectif intermédiaire la réduction de 46% des émissions de CO2 à l'horizon 2030.

Fumio Kishida devra rassurer sur ces points lors son déplacement à la COP26 de Glasgow, qui constitue symboliquement son premier déplacement à l'étranger. Mais la question des moyens pour tenir les objectifs fixés reste posée. Il faudra bien sûr relever la part des énergies renouvelables. Il faudra également mettre un terme à l'activité des 140 centrales à charbon : celles construites avant le milieu des années 90, les plus polluantes, mais également celles jugées "inefficaces" par les autorités japonaises. Enfin, le gouvernement japonais semble décidé à accorder au nucléaire une part de 20 à 22% dans son mix énergétique d'ici 2030, quel que soit l'héritage de Fukushima.  

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