En Bulgarie, la surprise anti-corruption
La Bulgarie, le pays le plus pauvre et aussi le plus corrompu d'Europe, votait dimanche. Des législatives remportées par 25% des voix par un ovni électoral, une formation politique anti-corruption, inconnue encore il y a quelques mois.
A peine deux mois d'existence, et déjà une victoire pour "Continuons le mouvement", une formation anti-corruption qui vient de doubler le GERB, le parti conservateur de l'ancien ministre Boïko Borissov.
C'est la troisième fois que la Bulgarie vote cette année pour les législatives. En avril, Boïko Borissov - alors Premier ministre - avait été rejeté par les électeurs après dix ans de pouvoir et l'exaspération de la population devant l'incurie de l'Etat et la corruption massive, quasi institutionnalisée. Une corruption rendue plus insupportable encore par la gestion de la pandémie, avec les hôpitaux au bord de l'effondrement. Mais après ce premier choc électoral, impossible de monter une coalition tant l'opposition était divisée. En juillet, retour aux urnes, et rebelote. Cette fois, troisième tentative remportée par cette formation atypique.
Un duo d’hommes d’affaires
Son chef de file s'appelle Kiril Petkov, et c'est donc lui qui devrait être chargé par le président Roumen Radev de former le gouvernement. Âgé de 41 ans, de faux airs de Travolta, cet ancien d'Harvard a passé sa jeunesse au Canada. Un profil d'homme d'affaires pragmatique et entrepreneurial qu'il a mis en avant lors de son passage au sein du gouvernement intérimaire mis en place en avril... Quelques mois en tant que ministre de l'Economie pendant lesquels il n'a eu de cesse de tirer à boulets rouges sur les nombreux scandales de corruption qui plombent le pays.
A ses côtés, son double, Assen Vassilev. L’ex-ministre des finances, connu du temps d’Harvard et lui aussi dans les affaires, qui jure de stopper la corruption pour mieux redistribuer l'argent public aux contribuables.
Urgence sanitaire
Le discours fait mouche. La méthode, elle, est moins certaine tant les deux hommes sont novices en politique. Un premier test pour eux : la formation d'un nouveau gouvernement, là où leurs prédécesseurs ont échoué. Gauche, droite, centre, peu importe tant qu'il n'y a pas de corruption, disent-ils, s'affirmant ouverts au dialogue. Et une urgence : la crise sanitaire dans ce pays où moins d'un quart des presque 7 millions d'habitants est vacciné et où 200 personnes meurent chaque jour des conséquences du Covid.
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