En Géorgie, l'enquête contre Donald Trump pourrait capoter si la procureure démocrate perd son élection

Depuis 2020, une procureure démocrate mène une enquête contre Donald Trump sur une tentative de manipulation de comptage de voix. Elle joue sa réélection dans les urnes dès mardi 21 mai, et met ainsi en jeu, bien malgré elle, la suite de l'enquête.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Fani Willis, procureure du comté de Fulton, lors de son audience de disqualification au palais de justice du comté de Fulton, le 1er mars 2024. Elle a finalement été maintenue à son poste. (ALEX SLITZ / POOL)

Aux États-Unis, les citoyens élisent leur président, mais aussi leurs shérifs, leurs juges et leurs procureurs. Fani Willis, la procureure du comté de Fulton, n'y coupera donc pas. En poste dans l'État de Géorgie, elle a vu cet État du Sud échapper de justesse à Donald Trump en 2020, à moins de 12 000 voix près.

Celui-ci, furieux, persuadé qu'il y avait eu fraude, et que sa défaite ne pouvait s'expliquer que comme ça, avait alors appelé son contact sur place, le secrétaire d'État de Géorgie, républicain, pour lui demander de "trouver les voix manquantes". La conversation avait été enregistrée et transmise au Washington Post : "Nous avons gagné cette élection en Géorgie, disait-il, et il n'y a rien de mal, voyez-vous, à dire que vous avez recalculé ! Je veux juste trouver 11 780 voix."

"Je me fiche du nombre de menaces, je suis ici pour la justice"

Donald Trump n'avait pas réussi à faire plier le républicain et, après la révélation dans le journal américain, la procureure Fani Willis s'était emparée de l'affaire. Elle mène depuis une longue enquête pour savoir si Donald Trump, oui ou non, a tenté d'inverser le résultat de la présidentielle.

Cette femme, actuellement en campagne, se présente pour la première fois devant les électeurs depuis cette affaire. L'enjeu derrière n'est pas des moindres : que se passerait-il si elle n'était pas réélue ? Fani Willis, sans citer le cas Trump en particulier, a fait comprendre ce qui se joue, lors d'une conférence de presse récente, à Atlanta : "Il n'y a personne que mon bureau va traiter en dessous de la loi. Mais personne n'est au-dessus de la loi non plus. Je me fiche de savoir si vous êtes riche, si vous pensez être puissant, qui est votre papa, quel est votre parti politique ou à quel point vos partisans sont méchants. Je me fiche du nombre de fois où ils me menacent. Je suis ici pour la justice."

Une élection avec pour rivale un soutien inconditionnel de Donald Trump

La première échéance se déroulera mardi 21 mai 2024 pour Fani Willis, lors de la primaire démocrate. L'élection finale aura lieu en novembre 2024, le même jour que l'élection présidentielle.

En face de la procureure, la candidate républicaine n'est pas n'importe qui. C'est Courtney Kramer, qui a pour mission de la renverser, âgée de 30 ans, elle est avocate et c'est un soutien sans faille pour Trump. Elle a travaillé pour lui à la Maison Blanche et dans le cadre de sa campagne. Dire que l'élection de 2020 a été volée et que Trump aurait dû gagner, cela ne lui pose aucun problème, au contraire.

Pour l'instant, Fani Willis est loin devant dans les sondages. Elle a récolté beaucoup plus d'argent que sa rivale républicaine, qui est d'ailleurs peu connue. Et le comté de Fulton, où se déroule l'élection vote, est très largement démocrate. Mais Fani Willis a été fragilisée. Elle est accusée par les trumpistes de mener une chasse aux sorcières, et accusée aussi d'avoir entretenu une relation intime avec un enquêteur mobilisé sur l'affaire. C'est allé si loin qu'elle a dû se justifier devant la justice. Elle n'a finalement pas été écartée du dossier. Bataille judiciaire donc et dès demain, bataille électorale.

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