Cet article date de plus de cinq ans.

Hong Kong : le bras de fer continue entre la rue et le pouvoir

Les manifestants occupent à nouveau la rue, 48 heures après le défilé géant en opposition au projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les manifestations à Hong Kong, le dimanche 9 juin 2019. (GONZALES PHOTO / MAXPPP)

Dans cette grande métropole de sept millions d’habitants, c’est donc reparti pour un tour ! En ce 11 juin au soir chaud et moite à Hong Kong, les manifestants viennent de commencer à occuper à nouveau les rues, en particulier dans le secteur où se trouve le Parlement local. Le rassemblement initié via les réseaux sociaux se veut pacifique, sous la forme d’un pique-nique, et il a démarré à 22 heures, heure locale, 16 heures, heure de Paris. Plus de 10 000 personnes ont annoncé vouloir y participer.

Après la manifestation monstre de dimanche 9 juin - un million de personnes dans les rues selon les organisateurs - il s’agit donc à nouveau de s’opposer à ce texte controversé, qui doit être présenté le 12 juin à la mi-journée au Parlement. Ce projet de loi pourrait ouvrir la porte à une ingérence chinoise accrue, avec des extraditions vers Pékin d’opposants politiques, sous couvert d’accusations de droit commun. Rappelons que depuis 1997 et la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni à la Chine, la ville bénéficie d’une forte autonomie.

Des milliers de commerçants en grève

La nuit sera donc longue et la journée du mercredi 12 juin s’annonce encore plus tendue. Sous le mot dièse "#grève12 juin", la mobilisation bat son plein. Des milliers de petits commerces, notamment des restaurants, annoncent leur fermeture par solidarité avec les manifestants. Plusieurs grandes entreprises ont autorisé leurs employés à aménager leurs horaires de travail. Les conducteurs de bus sont appelés à rouler au ralenti. Plus de 1 600 employés des compagnies aériennes veulent également cesser le travail. Tout comme une partie des enseignants et des infirmières. C’est d’autant plus spectaculaire qu’à Hong Kong le recours à la grève est rarissime.

Le risque du recours à la force

Mais le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille et il n’a aucune intention de reculer. 5 000 policiers supplémentaires ont été mobilisés. Cela porte le total des forces de sécurité réquisitionnées à 30 000 hommes, dont des unités d’élite antiterroristes. La cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, très liée au pouvoir chinois, reste droite dans ses bottes. Elle maintient l’examen du texte et elle appelle tous les fonctionnaires à "prendre leurs responsabilités" avec une menace à peine voilée, je cite : "Sinon le prix à payer sera lourd". À Pékin, le pouvoir chinois affirme soutenir "fermement" cette position. Il dénonce une "ingérence étrangère".

Et il aurait transmis des instructions aux 43 députés qui forment la majorité à Hong Kong afin qu’ils votent le texte sans ciller. C’est inquiétant. Les opposants sont persuadés que ce projet de loi, s’il est adopté, signera la fin des libertés à Hong Kong. Ils ne vont donc pas céder. Et de l’autre côté, le pouvoir chinois ne va pas céder non plus. Ce serait prendre le risque de voir des manifestations de rue apparaître ailleurs en Chine, en particulier dans le Guangdong, la région de Canton toute proche. Le président chinois Xi Jinping peut donc être tenté de recourir à la force. Même si Pékin doit ménager Hong Kong en raison de son poids économique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.