Iran : le président Hassan Rohani convoqué pour la première fois devant le Parlement
Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, direction Téhéran, où ça chauffe pour le président Rohani.
C’est l’image du jour : le président iranien mis sur le grill par les 290 députés du Majlis, le Parlement. La photo a été prise par un journaliste de l’Agence France Presse. Elle est révélatrice : Rohani, tout petit à la tribune à gauche, face à tous les élus qui le questionnent. Imaginez Emmanuel Macron qui serait contraint de répondre aux attaques des députés à l’Assemblée.
Une scène sans précédent à Téhéran. Jamais le président n’avait ainsi été convoqué par le Parlement. Rappelons qui est Rohani : il a 69 ans, il a été réélu pour un deuxième mandat il y a 15 mois, c’est un modéré qui incarne les espoirs des réformateurs face aux plus durs du régime. Mais il est affaibli par la décision américaine de se retirer de l’accord sur le nucléaire. Et ce matin, il a passé un mauvais moment : deux heures de questions sans interruption. Il est apparu pris en tenaille, critiqué à la fois par les conservateurs et les réformateurs. Et à l’issue de cette séance, le Parlement a rendu un avis négatif sur 4 des 5 sujets soumis à la discussion, des sujets économiques.
L'économie iranienne fragilisée par les sanctions américaines
Car la situation économique pose problème. D’ailleurs, les ministres du Travail et de l’Économie, des proches de Rohani, ont été destitués ces derniers jours. Le tout lors de votes retransmis en direct à la radio. Et le ministre de l’Énergie est lui aussi sur la sellette. La situation économique se dégrade rapidement en Iran.
Quelques chiffres pour fixer les idées : le chômage des jeunes a augmenté de 30% en quelques mois ; le prix des denrées de base s’est envolé de 70% pour les fruits en un trimestre, de 30% pour le lait. Et la monnaie est en chute libre, ce qui fait exploser le marché noir.
C’est en grande partie la conséquence des sanctions économiques imposées par Washington, et du retrait des entreprises étrangères, banques, automobiles, compagnies pétrolières qui redoutent la colère des États-Unis. Rohani est donc sur la corde raide : ses détracteurs lui reprochent d’avoir tout perdu avec la rupture de cet accord sur le nucléaire.
Une procédure de destitution envisageable
La suite est incertaine, comme toujours en Iran vue l’opacité du pouvoir. Il est question que le Parlement saisisse la justice, et une procédure de destitution de Rohani est possible. D’ailleurs les plus durs du régime fourbissent leurs armes, à commencer par l’ancien président Ahmadinejad, qui sillonne le pays depuis quelques semaines.
Reste l’inconnue majeure : l’attitude du "guide suprême", l’ayatollah Ali Khamenei. Pour l’instant, il continue de soutenir le président. Mais si les Iraniens commencent à descendre dans la rue en raison de l’inflation et du chômage, ça va se compliquer sérieusement pour Rohani. Et c’est plutôt inquiétant !
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