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Israël-Palestine : la Chine reçoit le président de l'Autorité palestinienne et se pose en facilitateur de paix

Xi Jinping a lancé une invitation d'Etat à Mahmoud Abbas. Une invitation qui marque la volonté de la Chine de jouer les médiateurs dans le conflit israélo-palestinien. Et ses ambitions dans la région.
Article rédigé par Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Mahmoud Abbas et Xi Jinping à Ryad (Arabie Saoudite), le 8 décembre 2022. (YAO DAWEI / XINHUA VIA AFP)

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est attendu mardi 13 juin en Chine pour une visite d'Etat, à l'invitation des autorités chinoises. Pékin a fait savoir ces derniers mois sa disponibilité pour favoriser une reprise des pourparlers dans le conflit israélo-palestinien. Pour la Chine, cette initiative est surtout un moyen de se poser en rival des Etats-Unis dans la région.

En recevant Mahmoud Abbas – un dirigeant de 88 ans politiquement affaibli – et alors que le processus de paix au Moyen-Orient n'est plus qu'un lointain souvenir, le président chinois Xi Jinping n'espère sans doute pas régler rapidement un conflit dans l'impasse depuis des décennies. Mais cette invitation faite au président palestinien à une visite d'Etat – donc au plus haut niveau protocolaire – affiche les ambitions de la Chine en tant que médiatrice dans cet affrontement inextricable.

Un dossier sur lequel Washington conserve la main jusqu'à présent. Avec les résultats que l'on sait, c'est-à-dire aucune avancée sur le plan diplomatique et souvent un soutien implicite des Etats-Unis à la colonisation menée par l'Etat hébreu en Cisjordanie.

Objectif : relancer des pourparlers

Pékin prend donc l'initiative pour tenter de sortir de l'immobilisme. Le ministère chinois des affaires étrangères dit soutenir "la juste cause du peuple palestinien pour restaurer ses droits nationaux légitimes". En clair, la Chine qui est favorable à un accord sur le principe de deux Etats, veut relancer des pourparlers de paix le plus tôt possible.

Pékin bénéficie à la fois de sa proximité ancienne avec les dirigeants palestiniens et de ses liens plus récents avec Israël, un rapprochement opéré au début des années 1990. La Chine est aujourd'hui le troisième partenaire commercial de l'Etat hébreu. Autre atout pour le rôle de médiateur que Pékin entend jouer dans le conflit israélo-palestinien, le resserrement de ses relations avec de nombreux pays arabes. Et surtout, l'activisme diplomatique chinois a montré son efficacité en facilitant la réconciliation spectaculaire entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, longtemps rivaux voire ennemis jurés. Un succès qui donne des ailes à la politique étrangère de la Chine dans la région.

Les Etats-Unis sont circonspects. Certains analystes d'outre-Atlantique y voient une intrusion dans l'un des prés-carrés de la diplomatie américaine. Même si à Washington, on feint de ne pas prêter trop d'importance aux efforts de Pékin pour faciliter le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, les Etats-Unis savent que leur relation privilégiée avec Israël ne peut pas être remise en cause par un pays tiers. En revanche, l'investissement politique des Chinois aux côtés de l'Autorité palestinienne pourrait obliger Américains et Israéliens à faire bouger les lignes.

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