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L'Argentine au bord du gouffre économique

Le pays sud-américain s’enfonce dans la crise : il est au bord du défaut de paiement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le congrès argentin le 19 décembre 2019.  (RONALDO SCHEMIDT/AFP)

Le nouveau président argentin, Alberto Fernandez, a dû le reconnaitre dimanche 22 décembre au soir lors d’une interview télévisée sur la chaine A24 : "Oui nous sommes en défaut virtuel, ça ressemble à la situation de 2001". Cette année-là, les 45 millions d’Argentins ont vécu le grand plongeon économique, la plus grave crise de l’Histoire du pays : impossible de rembourser les dettes. L’histoire est sur le point de se répéter : depuis la fin de semaine dernière, le pays est dans l’incapacité de rembourser une partie de son endettement public, soit 330 milliards de dollars.

Inflation et pauvreté

On le sentait venir depuis des mois : la 2e économie du continent, après le Brésil, est en train de plonger. Tous les indicateurs sont au rouge. La pauvreté touche désormais 40% de la population et la récession s’installe : le produit intérieur brut a reculé de 3% l’an dernier. A l’inverse les prix flambent : l’inflation atteint 55% sur les 12 derniers mois. Et la monnaie est en chute libre : il faut désormais 63 pesos pour obtenir un dollar. Le président sortant, le libéral Maurizio Macri, laisse donc un héritage catastrophique à son successeur.  

Des mesures fiscales radicales

Le nouveau gouvernement a décrété une sorte de mobilisation générale : le nouveau président de centre gauche Alberto Fernandez a pris ses fonctions il y a dix jours. Le nouvel homme fort du pays a pris le taureau par les cornes en faisant voter une loi d’urgence économique. Elle a été adoptée samedi 21 décembre, et devrait être ratifiée lundi 23, pour une mise en place immédiate.

Les mesures sont nombreuses et radicales. Il s’agit d’abord de faire rentrer au plus vite de l’argent dans les caisses. La fiscalité est revue à la hausse pour les classes moyennes et supérieures. L’épargne en dollars est restreinte et le paiement en dollars est désormais taxé à 30% (y compris pour des achats de service comme de la musique en ligne). L’exportation de produits agricoles est fortement imposée, notamment le soja. Il s’agit aussi, dans le même temps, d’aider les plus démunis : hausse des prestations sociales, dotation d’une prime exceptionnelle de 150 euros pour les petites retraites, gel des tarifs du gaz et de l’électricité, distribution de bons alimentaires d’urgence à deux millions de personnes.  

Le dollar refuge

Mais il y a plusieurs écueils à cette politique. Le premier est strictement économique : il n'est pas certain que ça suffise à enrayer la spirale inflationniste et surtout que ça évite les fuites de capitaux, une spécialité des Argentins dès qu’ils ont un peu d’argent. Ils achètent des dollars plutôt que de consommer local.

Le deuxième écueil est politique. Alberto Fernandez a beau avoir été élu avec une large majorité, la contestation n’en est pas moins déjà très forte. L’opposition de droite dénonce une politique dirigiste à la façon de Chavez et Maduro au Venezuela. Et il n’est pas dit que les grandes entreprises jouent le jeu. Les prochaines semaines s’annoncent donc très incertaines en Argentine.

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