La Chine renonce à financer des centrales à charbon, mais seulement à l'étranger
C’est une annonce importante pour la lutte contre le réchauffement climatique. Devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président chinois Xi Jinping a promis que son pays allait cesser de financer des centrales à charbon à l’étranger.
C’est un revirement majeur. Parce que la Chine est de très loin le premier bailleur de fonds pour ces centrales très polluantes. On comprend pourquoi le patron de la COP 26, prévue dans un mois et demi à Glasgow, s’est exclamé : "Les jours de l’énergie charbon sont désormais comptés". À elles seules, les grandes banques chinoises, notamment la China Bank, ont financé ou financent plus de la moitié des projets de centrale à charbon sur la planète, avec d’énormes contrats dans 6 pays : l’Indonésie, le Viet Nam, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh et l’Afrique du Sud. Au total, sur la période 2013/2019, ces investissements représentent l’équivalent de 70 gigawatts (dont la moitié encore en construction), soit environ 13 fois la puissance de la centrale nucléaire de Gravelines. C’est colossal. Ce sont aussi des milliards d’euros d’investissements.
Dans le même temps, l’an dernier et pour la première fois, les investissements chinois dans les énergies renouvelables ont dépassé les investissements dans le charbon polluant. En tous cas dans les pays qui constituent la priorité de Pékin : les pays des routes commerciales des "Nouvelles routes de la soie". Il y a donc bien un changement de cap, même si Xi Jinping n’a pas précisé la date de mise en œuvre de cette décision.
Le principal bailleur de fonds au monde
C’est en partie dû à une prise de conscience sur la question du climat. La Chine n’échappe pas à la question environnementale. L’an dernier, à cette même tribune de l’ONU, Xi Jinping avait d’ailleurs dévoilé une échéance : 2060, pour atteindre la neutralité carbone en Chine. Mais ce n’est pas la seule raison. La Chine souhaite aussi renvoyer au monde une image positive sur le sujet. La pression internationale est forte. Il y a quelques jours, plus de 30 ONG ont envoyé une lettre ouverte sur cette question au patron de la Bank of China. D’autant que les autres principaux bailleurs de fond, le Japon, la Corée, ont déjà renoncé à ces financements. Et surtout, les gros clients de la Chine sur le charbon, sont en train de changer de politique énergétique. Au cours des derniers mois, le Bangladesh et le Pakistan ont annoncé, pour les uns abandonner les projets de centrale à charbon en cours, pour les autres renoncer à tout nouveau projet. La Chine est donc aussi mise devant le fait accompli.
Toujours plus de centrales à charbon sur le sol chinois
Il reste toutefois un gros point noir. Ce sont les centrales à charbon sur le sol chinois, et sur ce point il n’y a toujours pas la moindre annonce. Le charbon représente encore 58% de la consommation énergétique chinoise, même si la part des renouvelables augmente régulièrement. Surtout, la Chine continue de construire des centrales à un rythme effréné : selon le rapport Carbon Tracker, il y en aurait plus de 350 en construction. Lors de la seule année 2020, la Chine a mis en service à elle seule l’équivalent de 3 fois l’énergie carbonée de tous les autres pays de la planète. Et elles sont parties pour fonctionner des décennies. Rien d’étonnant à ce que la Chine demeure le premier émetteur mondial de CO2.
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