La grève des postiers canadiens et leurs colis au cannabis
Depuis un mois le Canada est en proie à une grève tournante des facteurs qui se plaignent de leurs conditions de travail face à la hausse des colis, entre autres ceux qui contiennent du cannabis !
La France n’est pas la seule à connaître des conflits sociaux. Au Canada, les facteurs sont en grève depuis le 22 octobre dernier. Le conflit va donc entrer dans son deuxième mois et il perturbe sérieusement le pays.
Des dizaines de milliers de grévistes
Il s’agit d’une grève tournante. Autrement dit, d’un jour à l’autre, ce ne sont pas les mêmes villes qui sont concernées. Cette semaine, les habitants d’Edmonton et de Calgary à l’Est sont les plus affectés. Globalement la province de l’Ontario et la grande ville de Toronto sont très touchées. Sans oublier que des centaines de remorques et de camions postaux pleins de colis sont également bloqués au garage à Vancouver et à Montréal.
Le conflit semble très suivi par les 50.000 facteurs de Postes Canada. A tel point que l’entreprise a demandé à tous les pays étrangers de limiter au maximum leurs envois vers le Canada. Sachez-le si vous avez du courrier à envoyer à des amis à Québec ou Montréal ! Le week-end dernier, la direction de Postes Canada a demandé aux facteurs de suspendre le mouvement le temps, je cite, d’une « trêve de Noël ». Refus catégorique des grévistes.
La légalisation du cannabis déclenche un boom des colis
Le conflit porte globalement sur la charge et les conditions de travail. Car Postes Canada est confronté à une augmentation du nombre des colis : pas les simples courriers, uniquement les colis. D’abord parce que les achats sur Internet ont explosé et c’est souvent la Poste qui livre : d’ailleurs, l’un des géants du commerce en ligne, e-Bay vient d’appeler le gouvernement canadien à intervenir pour mettre fin au conflit. Ensuite, et c’est plus inattendu, la hausse du trafic des colis s’est particulièrement accentuée depuis un mois.
Pourquoi ? En raison de la légalisation du cannabis au Canada ! Chacun est en effet autorisé à envoyer jusqu’à 30 grammes de cannabis par la Poste, et rien que dans la Province du Québec, on estime le nombre de ces envois à 25 000 colis par semaine. Soit une entrée d’argent potentielle de 15 millions d’euros par an pour la Poste. Les facteurs réclament donc, soit des embauches, soit des hausses de salaire de 3% et un 6ème jour de travail payé double. La direction veut bien aller jusqu’à 2% d’augmentation mais pas plus. Il est désormais question de nommer un médiateur.
Justin Trudeau hausse le ton
C’est comme partout : à un moment donné un conflit social se transforme en enjeu politique. Et ça va encore se tendre prochainement puisque vendredi c’est « Black Friday », journée de shopping intensif en Amérique du nord, y compris dans le commerce en ligne. Dimanche dernier, le premier ministre canadien Justin Trudeau est donc sorti de sa réserve, avec un tweet.
La période de Noël et des Fêtes est arrivée. Les entreprises et les familles canadiennes dépendent de Postes Canada, et nous demandons aux deux parties de ce conflit de travail de résoudre leurs différends rapidement et de conclure une entente.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 18 novembre 2018
Certains lui prêtent même l’intention de passer en force et « criminaliser le conflit ». Autrement dit, faire voter une « loi spéciale » qui contraindrait les grévistes à reprendre le travail sous peine de poursuites pénales. Ça s’est déjà fait à plusieurs reprises au Canada, notamment en 2011, et c’était déjà lors d’un conflit avec les postiers.
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