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La libération de Samir Belarbi, un possible symbole d'apaisement en Algérie

L’un des militants emblématiques de la contestation qui agite le pays depuis près d’un an vient d'être acquitté à Alger.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des étudiants manifestent à Alger contre le pouvoir en place. (?ADEL SEHREI/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

Le nom de Samir Belarbi ne vous dit sans doute rien, mais en Algérie, c’est l’une des figures du Hirak, ce mouvement qui depuis le 22 février 2019, dénonce le pouvoir en place. Le tribunal de Bir Mourad Rais, à Alger, devait rendre son verdict ce mardi 4 janvier, au sujet de Belarbi. La décision est finalement tombée ce lundi 3 janvier en début d’après-midi : acquittement et remise en liberté. Belarbi était en prison depuis le 17 septembre dernier, après avoir été arrêté par des agents en civil. Il était poursuivi pour "atteinte à la sécurité nationale et à l’intégrité territoriale", sans plus de précisions, un motif de poursuite digne des procès staliniens ou de la Corée du Nord. Et lors de l’audience, le procureur avait requis trois ans de prison ferme. Cet acquittement est donc une surprise, qui pourrait témoigner d’une volonté d’apaisement de la part du pouvoir algérien. Belarbi fait partie de ces anciens militants du mouvement Barakat, opposant de longue date aux renouvellements successifs des mandats d’Abdelaziz Bouteflika. Avec sa moustache et son collier de barbe, c’est un visage bien connu des Algériens, parce qu’avant d’être arrêté, il était régulièrement invité à la télévision.  

Des signaux contradictoires de la part du pouvoir

Il est trop tôt pour dire si c'est le signe annonciateur d’un assouplissement du pouvoir. Mais on sera fixé rapidement dans les jours qui viennent. Parce que plusieurs autres décisions de justice sont attendues. Mercredi 5 janvier, 33 manifestants arrêtés près d’Oran en décembre seront fixés sur leur sort. Dimanche 9 janvier, ce sera le tour de 20 autres opposants. Et quelques autres figures emblématiques attendent également d’être jugées prochainement. On peut citer le journaliste Fodil Boumala ou l’ex dirigeant du parti d’opposition FFS Karim Tabbou. Ces dernières semaines, depuis l’élection surprise à la présidence d’Abdelmadid Tebboune, le pouvoir algérien a envoyé des signaux contradictoires. D’un côté, début janvier, 76 manifestants ont été relâchés. Mais dans le même temps, d’autres militants ont été arrêtés, selon l’ONG Human Rights Watch. Et les manifestations demeurent très surveillées, avec des dispositifs policiers impressionnants. Il est donc difficile d’interpréter ces contradictions. Impossible de dire si c’est une consigne du pouvoir pour alterner le chaud et le froid, ou si c’est le reflet d’une administration de la justice qui varie tout simplement d’un tribunal à l’autre.    

Un an de contestation le 22 février

Et pendant ce temps les manifestations continuent. On a tendance à l’oublier, parce que c’est devenu répétitif, et que ça ne fait plus la une de l’actualité ici. Mais oui, tous les vendredis en particulier, les étudiants continuent de défiler. Et le mouvement de contestation dure donc depuis quasiment un an. Vendredi prochain 7 janvier, ce sera le 51e vendredi de manifestation. Le mouvement reste fondamentalement le même ; issu de la société civile, il réclame un renouvellement profond de la classe politique, sans pour autant parvenir à se structurer en tant qu’opposition. C’est à la fois sa force et sa faiblesse.  

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