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La plus grande élection de l'année débute dans l'Uttar Pradesh en Inde

Ces élections régionales constituent le plus grand scrutin de 2022 par le nombre d’électeurs. Et le sujet clé, c’est la dérive religieuse du parti hindouiste au pouvoir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le scrutin régional dans l’Uttar Pradesh, la région la plus peuplée du pays, sera déterminant dans le choix du Premier ministre indien. (ABHISEK SAHA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

L’Uttar Pradesh, c’est la région la plus peuplée de l’Inde : 230 millions d’habitants (plus de trois fois la population française), au Nord du pays, à l’Est de la capitale New Delhi. Le scrutin, comme toujours en Inde, va s’étaler sur plusieurs semaines : il démarre donc jeudi 10 février dans la zone située la plus à l’Ouest de l’Uttar Pradesh et va se poursuivre jusqu’au 7 mars. Résultat officiel : le 10 mars. Le favori, c’est le parti au pouvoir, le BJP, qui est aussi celui du Premier ministre indien Narendra Modi. Les derniers sondages le créditent de 200 à 240 sièges, sur un total de 403. Le principal parti d’opposition dans la région, le Samajwadi, qui se revendique socialiste, a pourtant des arguments, notamment pour convaincre les plus démunis, les "basses castes". La situation économique est mauvaise : la région est l’une des plus pauvres de l’Inde, l’inflation grignote les salaires, le taux de chômage atteint 25% chez les jeunes. Et la pandémie a été assez mal gérée par le pouvoir indien.

Un moine hindouiste radical

Et puis surtout, il y a la question des libertés et des discriminations, notamment contre les musulmans mais cette discrimination est assumée par le parti hindouiste au pouvoir. L’Uttar Pradesh est même un laboratoire de la dérive religieuse radicale du BJP, le parti du premier ministre Narendra Modi. Dans cette région, le BJP a fait voter plusieurs lois discriminatoires contre les musulmans qui représentent à peu près 20% de la population. L’activité des abattoirs et des boucheries musulmanes a été restreinte, au nom de la protection des vaches, animaux sacrés dans l’hindouisme. Les mariages interconfessionnels sont devenus quasi impossibles. Et surtout, les attaques violentes contre des musulmans se sont multipliées. La presse indienne évoque aussi des exécutions extra judiciaires. Le BJP rejette toute responsabilité dans ces exactions, mais son dirigeant régional est une figure extrémiste très controversée. C’est un moine hindouiste et suprémaciste de 49 ans. Yogi Adityanath, c’est son nom, a toujours le crâne rasé, il est toujours vêtu d’une robe safran, il fait l’objet d’une réelle vénération au sein de ses partisans. Et ses propos sont souvent violents à l’endroit des musulmans.  

Un laboratoire de la dérive religieuse du pouvoir indien

Ce scrutin régional a également tout d’une répétition générale avant les élections nationales prévues en 2024, pour deux raisons. La première c’est que ce moine, Yogi Adityanath est souvent présenté comme le probable successeur de l’actuel Premier ministre indien Narendra Modi, qui a lui 72 ans. Si Adityanath conserve le pouvoir en Uttar Pradesh, il sera en position de force pour briguer la succession en 2024. Et puis au-delà des questions de personne, l’Uttar Pradesh est donc le poste avancé de la radicalisation religieuse du BJP. Plusieurs politologues indiens y voient même le prélude à une grande transformation de l’Inde, d’un pays historiquement laïc depuis son indépendance en 1947 en un régime religieux hindou, anti musulman. Et là ça pourrait avoir des conséquences en chaine, bien au-delà des frontières indiennes. Vu d’ici, cette élection régionale de l’Uttar Pradesh peut paraître lointaine, mais en fait il y a beaucoup en jeu.    

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