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La Russie place ses pions dans l'Arctique

Saint-Petersbourg accueille un forum révélateur des ambitions russes dans l’Océan Arctique, en matière de commerce, d'exploitation minière ou de défense.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les dirigeants islandais, russe, norvégien et finlandais sont réunis à Saint-Petersbourg en Russie.  (OLGA MALTSEVA / AFP)

C’est peut-être le plus grand enjeu économique et commercial des années à venir. Et la Russie est en train de placer ses pions. Une conférence sur l’Arctique a débuté mardi 9 avril dans la grande ville de Saint-Petersbourg et se poursuit jusqu’au 10 avril au soir. En France, personne n’en parle, ce n’est pourtant pas une petite affaire. Vladimir Poutine lui-même a accueilli les participants, dont les principaux dirigeants finlandais, norvégien, suédois et islandais. 350 chefs d’entreprise participent aussi aux échanges, parce qu’il s’agit surtout de faire du business.  

La clé commerciale du passage du Nord Ouest

Le premier objectif de la Russie, c’est de développer le désormais célèbre "passage du Nord-Ouest", cette route maritime le long de l’Océan Arctique qui devient possible avec la fonte des glaces et le réchauffement climatique. Il va permettre de relier l’Asie beaucoup plus rapidement qu’en utilisant le canal de Suez : la distance est réduite de plusieurs milliers de kilomètres. Ce forum vise en grande partie à initier des projets de nouveaux ports le long de la route, une dizaine au total et aussi la construction de quatre brise-glaces géants, qui devraient être opérationnels en 2024, sans oublier un réseau électrique et numérique. Vladimir Poutine s’est donné pour objectif de quadrupler le trafic maritime dans la région en l’espace de cinq ans.  

Un sous-sol qui attire les convoitises

On parle aussi beaucoup avec raison du sous-sol de l’Arctique. L’Arctique posséderait près d’un quart des ressources mondiales en énergie fossile. 30% du gaz naturel, 13% du pétrole, et aussi beaucoup de gaz liquéfié, en particulier dans la péninsule de Yamal. On peut y ajouter des ressources minières : de l’uranium, de l’or, du nickel, du zinc, du charbon. La prospection géologique ne fait que débuter et elle va s’accélérer, rendue possible, là encore, par le réchauffement climatique. Il faut donc monter des consortiums d’exploitation, et des infrastructures logistiques comme des routes et des aéroports. Au total, Moscou a initié une centaine de projets dans la région. Mais la Russie a besoin de partenaires pour monter ces opérations :  ce forum de St Petersbourg vise donc à séduire les entreprises scandinaves.   

Des bases militaires stratégiques

La Russie peut donc remporter la partie dans l’Arctique, d’abord parce qu’elle est la plus proche : la moitié du littoral de l’Océan Arctique est Russe. Ensuite, Moscou a compris très vite l’intérêt géostratégique de placer ses pions dans la région. La Russie est aussi en train d’y installer ou d’y réinstaller des bases militaires, comme sur l’île de Kotelny ou sur l’archipel François Joseph. Les Occidentaux redoutent que Moscou n’y déploie de nouveaux missiles de croisière capables d’atteindre l’Europe ou l’Amérique du Nord. Et dans tout ça, il y a un grand oublié : c’est l’environnement. Il y a bien une poignée de conférences sur le sujet pendant ce forum de Saint-Petersbourg, mais la préservation de la faune et de la flore n’est pas vraiment à l’ordre du jour.  

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