Le nouvel aéroport de Pékin, symbole des ambitions chinoises
A l'heure des cérémonies du 70ème anniversaire de la création de la République Populaire de Chine, l'ouverture de ce nouvel aéroport est un emblème de puissance.
Cet aéroport a déjà un surnom : "L’étoile de mer". Et pour cause : vu du ciel, il ressemble un peu à une étoile, un seul terminal avec cinq branches en étoile, et un toit de couleur bronze. Construit à Daxing à plus de 40 km du centre-ville, il vise à désengorger l’aéroport principal de Pékin. C’est un édifice pharaonique construit en des temps records. Il a été bâti sur un terrain de 70 hectares en moins de cinq ans, avec l’aide du groupe Aéroports de Paris. Coût total : 15 milliards d’euros, le triple si on compte aussi les effets en chaîne (les aménagements routiers et ferroviaires par exemple). C’est le plus grand aéroport au monde à terminal unique et il peut accueillir 270 avions sur son tarmac. L’intérieur est lumineux, et possède donc cette particularité d’une sorte de cœur central, à partir duquel vous vous dirigez vers telle ou telle branche. Il a été inauguré le 25 septembre avec un vol d’Airbus A380 et ouvre officiellement ses portes ce 30 septembre. La mise en service sera progressive : 14 compagnies dès la fin octobre, mais ensuite ça devrait aller vite. Objectif : 45 millions de passagers d’ici trois ans et à terme, 120 millions de passagers, ce qui en ferait le premier aéroport mondial.
200 nouveaux aéroports en projet
Le calendrier d’ouverture ne doit rien au hasard, puisque ce 1er octobre c’est donc jour de célébration pour le régime communiste chinois avec les 70 ans de la création de la République populaire par Mao Tsé Toung. On attend un gigantesque défilé militaire : 15.000 soldats, 160 avions, près de 600 pièces d’artillerie. La Chine de Xi Jinping veut montrer sa puissance ostensiblement. Et ce nouvel aéroport fait partie du dispositif. Les projets ne s’arrêtent d’ailleurs pas là : le pays ambitionne de construire 200 aéroports dans les 15 ans qui viennent, soit à peu près 13 par an. Il faut dire que le transport aérien est en plein essor en Chine : il devrait devenir dès l’an prochain le premier marché au monde. Et plus généralement, l’Asie représente déjà 35% du marché aérien mondial.
Un impact environnemental critiquable
Ces projets ne font pas pour autant l’unanimité en Chine, même si c’est assez compliqué de formuler un avis dissident. Cette politique de développement à outrance des aéroports suscite deux critiques. La première, c’est le risque d’une bulle : la construction de ces projets géants est devenue un but en soi, parce que ça fournit des emplois pendant des années et donc ça entretient un peu artificiellement la croissance. La seconde, c’est évidemment l’impact environnemental : développer ainsi l’aérien, a fortiori avec des terminaux éloignés des centres-villes, c’est double dose en termes de pollution, via les avions, et via le trafic routier. Alors que dans le même temps, la Chine a aussi mis en place un réseau désormais assez développé de liaisons ferroviaires à grande vitesse, beaucoup moins polluantes. Mais pour Xi Jinping, les symboles de grandeur semblent l’emporter sur toute autre considération.
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