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Les Etats-Unis se retirent du traité "Ciel ouvert", troisième accord que Donald Trump dénonce

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi le retrait américain du traité "Ciel ouvert" (Open skies en anglais). C'est le troisième accord de désarmement ou assimilé que le président américain entend ainsi dénoncer.

Article rédigé par franceinfo, Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
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Le président américain Donald Trump, le 22 mai 2020 à Washington. (MANDEL NGAN / AFP)

Il y avait déjà eu l'accord sur le nucléaire iranien, déchiré par l'administration Trump en 2018 (c'était une promesse de campagne du candidat Trump). Il y a eu ensuite, en 2019, la sortie du traité portant sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, qui visait à limiter ces armes dans les anciens pays adversaires durant la guerre froide... Il y a aujourd'hui le retrait de cet accord dit "Ciel ouvert" qui lie 35 pays, essentiellement là aussi les anciens adversaires de la guerre froide en Europe.

Le traité autorise la libre observation de tout le territoire de n'importe lequel de ces pays par l'un des autres signataires, au moyen d'une reconnaissance aérienne non armée mais équipée d'appareils d'observation vidéo, infra-rouge, et radars à synthèse d'ouverture, qui permettent de dessiner les reliefs. Objectif : assurer une totale transparence et éviter la possibilité de concentrations de troupes dissimulées ou de forces militaires secrètement déployées sur quelque territoire que ce soit, et particulièrement sur celui d'un possible adversaire.

Une menace pour l'intégrité de l'Otan

Ces survols aériens sont-ils toujours nécessaires, à l'heure où les satellites d'observation militaire sont capables de distinguer le numéro d'immatriculation d'un véhicule au sol ? Les satellites, eux, ne sont soumis à aucune restriction, à aucun plan de vol au dessus des pays qu'ils entendent observer... mais ils ne voient pas tout. Il suffit d'une couverture nuageuse un peu dense et ils n'ont plus grand chose à voir. Surtout, tous les pays ne disposent pas de satellite ou d'autres moyens d'observation miliaire, notamment les plus petits des pays de l'Otan, comme les pays baltes, par exemple, qui n'ont même pas d'aviation miliaire et qui comptent d'ailleurs sur les patrouilles de chasseurs d'autres pays de l'Otan pour policer leur espace aérien.

Mais ce sont justement ces pays-là qui sont le plus demandeurs d'un contrôle des moyens déployés au sol par les Russes, à l'occasion de manœuvres, par exemple. Le spectre d'une invasion militaire russe étant toujours très présente à leurs yeux, eux qui ont été envahis par l'armée Rouge en 1940, et annexés par l'Union Soviétique ensuite.

Donald Trump accuse Moscou de violer l'accord

Les raisons pour lesquelles les États-Unis veulent sortir de l'accord "ciel ouvert" ne sont pas très claires. Le Pentagone, comme le chef de la diplomatie américaine, insistent sur le non respect, par les Russes, des règles de l'accord. Moscou a ainsi limité les plans de vol des Occidentaux au dessus de l'enclave russe de Kaliningrad, mitoyenne de la Pologne et des pays baltes, et où de nombreux armements stratégiques seraient désormais concentrés.

Certes, la partie russe a multiplié ces dernières années les entorses aux règles de "Ciel ouvert", mais ce n'est pas une raison suffisante pour dénoncer l'accord dans son ensemble disent aujourd'hui les alliés européens de Washington. "Nous regrettons l'annonce du gouvernement des États-Unis de son intention de se retirer du traité "Ciel ouvert", bien que nous partagions ses préoccupations relatives à la mise en oeuvre des dispositions du traité par la Fédération de Russie", peut-on lire dans un communiqué commun signé vendredi 22 mai par dix pays de l'Union européenne, dont la France, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne et les Pays-Bas.

Le traité New Start pourrait expirer en 2021

En fait, il semble surtout que l'administration Trump soit en train de lancer, avec l'abandon de ce traité, le premier étage d'un désengagement beaucoup plus lourd de conséquences : celui du traité New Start. Signé en 2010 entre les seuls Russes et Américains, il limite à 1 550 ogives nucléaires la capacité stratégique de chacun des deux pays. L'accord arrive à échéance en février 2021 et l'administration Trump semble clairement opposée à toute forme de reconduction, à moins d'y inclure la Chine.

Sauf que la Chine - qui ne doit d'ailleurs pas disposer de plus de 3 à 400 ogives nucléaire dans son arsenal - n'a jamais fait mine d'être intéressée. Et ce n'est probablement pas dans le contexte actuel, où Pékin et Washington sont à couteaux tirées sur quantité de sujets, de l'origine du coronavirus à la liberté de circulation en mer de Chine méridionale en passant sur les modalités commerciales entre les deux pays, qu'on peut imaginer un accord de désarmement entre eux.

Washington semble donc, une nouvelle fois, être sur le point de sortir d'un accord international, sans n'avoir rien à proposer en contrepartie. C'est un peu devenu la marque de fabrique de l'administration Trump en matière de relations internationales.

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