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Madagascar, l'île où les très pauvres élisent les très riches

On ne vote pas uniquement aux Etats-Unis en cette semaine de début novembre. C'est également le cas dans la grande île de Madagascar, dans l'Océan Indien.

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le dépouillement a lieu à Antananarivo à Madagascar, le 7 novembre 2018.  (MARCO LONGARI / AFP)

Les bureaux de vote ont fermé dans l'après-midi mercredi 7 novembre et jusqu’à présent tout se déroule dans le calme à Madagascar. Ce n’est pas un détail, parce que l’histoire de l’île a été marquée par les violences politiques. Dix millions d’électeurs étaient appelés aux urnes sur ce territoire grand comme la France, au large de la côte Sud-Est de l’Afrique. Et pas moins (tenez-vous bien) de 36 candidats veulent devenir président de la République ! Ils ont tous un numéro. Donc les slogans de campagne, c’est souvent : "votez numéro 12, ou numéro 25, etc". 

Un pays très riche et très pauvre à la fois

En théorie, tous ces candidats ne devraient avoir qu’une seule préoccupation : c’est la grande pauvreté. Madagascar, c’est le seul pays au monde où, depuis l’indépendance en 1960, le niveau de vie a diminué ! L’indice du développement humain de l’ONU place Madagascar au 160ème rang sur 180. Ça c’est le chiffre abstrait. Concrètement : un enfant sur deux souffre de malnutrition, les trois quarts de la population vivent avec moins de deux dollars par jour, 90% des routes sont impraticables, et la corruption règne. Alors que sur le papier, Madagascar est riche : des saphirs (40% des réserves mondiales), de l’or, énormément de vanille, du bois de rose qui vaut des milliards, etc.  

Des candidats millionnaires

Et tous ces candidats ne s'en soucient pas vraiment, du moins pas les principaux. Eux, ils font partie de l’élite, classés parmi les plus grosses fortunes du pays. Certains sont même millionnaires. Et le pouvoir est une chasse gardée. Pour preuve, les trois candidats principaux sont l’actuel président et ses deux prédécesseurs ! Hery Raja Onari Mampia Nina, c’est le président sortant. Face à lui, Andy Rajoelina (au pouvoir jusqu’en 2014) et Marc Ravalomanana, sans doute le plus riche (au pouvoir avant 2009). Et les trois ont dépensé sans compter pendant la campagne : déplacements en hélicoptères, spots publicitaires à gogo, distribution gratuite de cadeaux aux électeurs (ici on offre des motos, là des machines à coudre). Les ONG parlent, elles n’ont pas tort, de dépenses "indécentes", au vu de la pauvreté de la population. Il faut dire que les comptes de campagne ne sont absolument pas contrôlés.  

L'argent de la croissance dans la poche de la Chine

Évidemment, les candidats promettent qu’ils vont raser gratis. Et que tout ira mieux demain. On a le droit d’en douter, même si cette année, pour la première fois depuis 10 ans, Madagascar a renoué avec une croissance significative : +5%.   Mais l’argent de la croissance file dans la poche des élites, et aussi de la Chine qui a multiplié les investissements, comme souvent en Afrique ces dernières années. Par exemple, Pékin a décroché un droit de pêche exclusif pour ses chalutiers autour de l’île. Dans un premier temps, on va surtout espérer que les résultats ne déclenchent pas de violences, ce sera déjà beaucoup. Et si personne ne l’emporte au premier tour, il y en aura un second, dans un peu plus d’un mois, le 19 décembre.  

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